Alors qu'une stratégie de lutte contre l'infertilité est en préparation, des acteurs du secteur, professionnels de santé et patients, ont été réunis autour d'une table ronde pour parler de prévention.
« L’infertilité devient un sujet de santé publique », a souligné Virginie Rio, présidente de l’association Collectif Bamp. Recul de l’âge des grossesses, causes environnementales et perturbateurs endocriniens (dont les cosmétiques) sont en effet des causes fréquentes d'infertilité, selon les conclusions du rapport présenté par le Pr Samir Hamamah du CHU de Montpellier et remis le 21 février au ministre de la Santé. Pour les perturbateurs endocriniens, ce spécialiste de la reproduction a d'ailleurs souligné « la nécessité de mettre en place un logo reprotoxique sur la composition et les effets potentiels de leurs composants ».
Éduquer et informer collectivement, ainsi qu’individuellement, renforcer la formation des professionnels de santé, mieux repérer et diagnostiquer les causes de l’infertilité, mettre en place une stratégie de recherche globale ainsi qu'un institut national de la fertilité : tels sont les six axes principaux avec la vingtaine des recommandations à la clé que contient le rapport de la lutte contre les causes de l’infertilité. « La recherche sur la fertilité, l’endométriose, la santé des femmes et des couples bénéficie désormais de fonds gouvernementaux dédiés, soit 30 millions d’euros pour les cinq prochaines années », s'est réjoui le Pr Hamamah.
Hygiène de vie exemplaire pour le SOPK
Les mesures de prévention ont été développées pour deux causes particulières d'infertilité féminine, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et l'endométriose. Pour le SOPK, une bonne hygiène de vie alimentaire et d’activité physique est essentielle en raison d'un risque cardiovasculaire doublé, voire triplé.
« Ce syndrome touche entre 5 et 20 % de la population féminine, a rappelé la Dr Maëliss Peigné de l'hôpital Jean Verdier à Bondy (AP-HP). C’est la cause la plus fréquente d’infertilité féminine. » Le diagnostic, qui repose sur les critères de Rotterdam, associe une hyperandrogénie et la découverte d'ovaires polykystiques à l’échographie. D’autres symptômes peuvent être observés : migraine, fatigue, insomnie, surpoids, insulinorésistance et troubles de l’humeur.
Quelque 40 % des patientes ayant un SOPK développent une intolérance aux hydrates de carbone à 40 ans, qui évolue en diabète de type 2 pour 50 % d'entre elles dans les cinq ans qui suivent. Ces patientes sont donc plus sujettes au syndrome métabolique, au développement de plaques d'athérome ainsi qu’au syndrome d’apnée du sommeil.
Autre risque augmenté, celui du cancer de l’endomètre, multiplié par quatre avant 50 ans, dont la prévention peut être renforcée par une contraception œstroprogestative, progestative ou même un traitement progestatif séquentiel. L’impact est également un risque augmenté de dépression, d’anxiété et de dévalorisation de l’image de soi. L'association Asso’SOPK sensibilise et apporte de l'aide aux femmes concernées, comme l'a présenté la coprésidente Caroline Bernard.
Plan de lutte national pour l'endométriose
Pour l'endométriose, à la suite de l’annonce d'un plan de lutte national par Emmanuel Macron, « des filières de soin vont être mises en place dans chaque région pour former les professionnels de santé », a rapporté le Pr Pietro Santulli de l'hôpital Cochin (AP-HP), soulignant l'hétérogénéité des symptômes, la diversité des types de douleurs, ainsi que la grande variété anatomique des lésions. Les règles douloureuses restent un symptôme d’appel majeur, mais son absence n’élimine pas le diagnostic. La pluridisciplinarité des filières devrait permettre une prise en charge accélérée et personnalisée.
Pour un diagnostic précoce, le Pr Santulli a insisté sur l’importance de l’imagerie médicale, échographie dans un premier temps puis en complément l’IRM. Mais pour certaines formes d’endométriose (endométriose superficielle) qui ne se voient pas à l’IRM, l’interrogatoire reste essentiel. Le médecin propose ensuite des tests thérapeutiques hormonaux, l’objectif étant en priorité de soulager les symptômes.
Le traitement de première intention est hormonal, complété par de la kinésithérapie, de la relaxation, du yoga, une consultation chez un sexologue. La chirurgie est réservée aux douleurs trop intenses tout en préservant les organes touchés et la fertilité des patientes. L’association « EndoFrance » fondée par Yasmine Candau propose des contenus d'information aux patientes validés par un comité scientifique de médecins spécialistes.
D'après la table ronde « Fertilité : la prévention, parlons-en » organisée par les laboratoires Merck le 16 septembre 2022 à Paris
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