Contraception

Drovelis, une nouvelle pilule bien tolérée

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Publié le 09/12/2022
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La pilule Drovelis associe la drospirénone pour le progestatif et l'estétrol, un nouvel œstrogène naturel. Elle se distingue par son profil de sécurité.
Associer un œstrogène favorise la tolérance endométriale et donc la disparition des saignements

Associer un œstrogène favorise la tolérance endométriale et donc la disparition des saignements
Crédit photo : GUSTOIMAGES/SPL/PHANIE

Depuis la crise de la pilule, de nouvelles options arrivent sur le marché. C'est le cas de la pilule Drovelis (laboratoire Gedeon Richter), associant un progestatif, la drospirénone, et un nouvel œstrogène naturel, l'estétrol, que l'Agence européenne des médicaments a autorisé en mars 2021.

« La crise de la pilule de 2012-2013 a fait énormément de tort à la contraception œstroprogestative. Les femmes ont eu très peur pour leur santé alors même que le risque de thrombose sous pilule reste rare », souligne la Dr Brigitte Letombe, gynécologue à Paris.

En France, la prescription de contraception hormonale a diminué de 15 % durant les 10 dernières années. Concernant les pilules combinées œstroprogestatives, cette baisse est encore plus marquée (30 %). En revanche, la prescription de progestatifs seuls a doublé.

Aujourd'hui, la Haute Autorité de Santé recommande de prescrire en première intention une pilule de deuxième génération, composée de norgestimate ou de lévonorgestrel.« Aujourd’hui, nous prescrivons à 80 % des pilules de deuxième génération à nos patientes, contre 20 % d'autres générations. Or, la deuxième génération n’est pas obligatoirement adaptée à toutes les femmes », rappelle la Dr Letombe.

Un faible risque hépatique et thrombotique

Le risque thrombotique se révèle diminué avec les œstrogènes naturels. « Les études cliniques en vie réelle, menées depuis 10 ans sur les pilules à base d'œstradiol par exemple, ont montré que ce risque est équivalent à celui des deuxièmes générations », indique la Dr Letombe. Concernant l'estétrol - autre œstrogène naturel, synthétisé uniquement chez le fœtus en gestation -, « son impact hépatique est presque nulSon impact thrombotique l'est également au niveau des paramètres intermédiaires. C'est un élément très important car cela rassure nos patientes », indique la Dr Letombe, ajoutant néanmoins le besoin de confirmer ces données par des études complémentaires en vie réelle.

L’estétrol n’interfère pas avec les métabolismes des cytochromes. « L’estétrol est un œstrogène faible qui a beaucoup d’avantages, notamment par rapport à l’éthinylestradiol, assure la Dr Letombe. De fait, ce dernier modifie les cytochromes P450 et le métabolisme de certains médicaments. Ce fait est notable, en particulier chez les patientes épileptiques. Or, l'estétrol n’a pratiquement aucune interaction médicamenteuse, ce qui sécurise grandement nos prescriptions. »

Une meilleure tolérance endométriale et métabolique

Le schéma d’administration de Drovelis est de 24 jours et de 4 avec placebo, ce qui convient aux femmes souhaitant avoir un saignement tous les mois. Comparée aux progestatifs seuls, la combinaison drospirénone/estétrol apporte un autre bénéfice aux patientes. « Avec les progestatifs seuls, le risque de "spotting " peut s'avérer délétère pour l’observance de la contraception. Le fait d'associer un œstrogène favorise la tolérance endométriale et donc la disparition des saignements », note la Dr Letombe.

Drovelis est bien toléré sur le plan métabolique. « Avec ce médicament, nous observons peu de variations glycémiques. Idem sur la pression artérielle. Enfin, ce traitement n'engendre pas de risque cardiovasculaire ni de prise de poids », indique la Pr Nathalie Chabbert-Buffet, endocrinologue à Paris. Drovelis n'est pas prise en charge par l'Assurance-maladie. 

D'après une conférence de presse du laboratoire Gedeon Richter lors du congrès Infogyn, octobre 2022

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin