L’ENDOMÉTRIOSE pelvienne profonde (EPP), qui concerne environ 20 % des patientes atteintes d’endométriose, est une pathologie complexe, dont la prise en charge est le plus souvent discutée au cas par cas. « Au début des années 2000 nous avons constaté une augmentation du nombre de patientes, peut-être du fait d’un accroissement de l’incidence de l’endométriose mais surtout d’une étroite collaboration avec les centres de procréation médicalement assistée. Ceci nous a conduits en 2005 à mettre en place à l’hôpital Jeanne-de-Flandre des réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), calquées sur le modèle des RCP de cancérologie, afin de mieux coordonner la prise en charge de ces patientes, d’améliorer leur parcours de soins », expose le Pr Pierre Collinet. La RCP réunit systématiquement radiologues, chirurgiens gynécologiques et médecins de la reproduction, et éventuellement gynécologues médicaux, urologues et chirurgiens digestifs. Son objectif premier est d’établir une cartographie précise des lésions, primordiale pour établir une stratégie optimale répondant aux besoins de la patiente. Les clichés d’IRM pelvienne, examen de référence, d’échographie, de coloscanner ou autre imagerie sont relus de façon interactive lors de la RCP. La discussion permet ensuite de proposer aux patientes la prise en charge la plus adaptée.
« En particulier pour les femmes infertiles et algiques, les RCP prennent tout leur intérêt. En effet, une discussion de dossier entre chirurgiens et médecins de la reproduction permet de préciser la priorité entre chirurgie et prise en charge en AMP et de proposer une conduite thérapeutique la plus adaptée à la patiente », rappelle le Pr Collinet.
Lorsqu’un geste chirurgical est décidé, le choix du protocole opératoire est essentiel en particulier lorsqu’une atteinte digestive est notée : choix entre traitement conservateur du rectum (shaving rectal), résection rectale antérieure ou résection rectale segmentaire et donc évaluation du risque de stomie temporaire.
«Les RCP permettent d’aborder de façon structurée une pathologie qui est responsable à la fois d’algies et d’une altération de la fertilité, et dont les modalités de prise en charge sont souvent plus basées sur des habitudes de service que sur l’evidence-based medicine la médecine basée sur des preuves. Ainsi, certaines équipes sont très chirurgicales, d’autres très médicales. La RCP présente l’avantage de nuancer les avis et de rendre les décisions de traitement multidisciplinaires. Par exemple à Jeanne-de-Flandre, pour les patientes présentant une EPP, nous retenons dans des proportions équivalentes une indication de chirurgie ou une indication de traitement médical ou AMP », estime le Pr Collinet, avant de préciser que toutes les endométrioses ne justifient pas d’une prise en charge multidiciplinaire. « Il s’agit uniquement des formes complexes, l’objectif étant de proposer la prise en charge la plus pertinente possible tout en améliorant le parcours de soins des patientes. »
« Pour l’instant, nous avons une RCP mensuelle, pour un nombre moyen d’une quarantaine de dossiers, ce qui est insuffisant. Cette fréquence va très prochainement être augmentée. Nous avons pu créer un poste spécifique de secrétariat de RCP à mi-temps, chargé de l’organisation de ces réunions, de la rédaction des comptes-rendus et de la gestion des examens complémentaires demandés et de la création de base de données. »
«L’objectif à court terme est de proposer, pour des dossiers d’EPP complexe, des RCP régionales, en ayant recours à une visioconférence », conclut le Pr Collinet.
D’après un entretien avec le Pr Pierre Collinet, hôpital Jeanne-de-Flandre, CHRU, Lille.
Pour en savoir plus : M Dell’oro et al. Réunion de concertation pluridisciplinaire pelvienne profonde: intérêts et modalités de fonctionnement. Gynécologie Obstétrique et Fertilité 2013;41:58-64.
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