Le constat est sans appel. « La contraception d'urgence (CU) n'est pas prescrite par les médecins, a déploré le Dr Christian Jamin, gynécologue-endocrinologue à Paris. Près de 95 % sont délivrées en officine sans prescription. Faire une prescription d'avance permet à la femme de l'avoir sur elle et de la prendre le plus tôt possible ».
La CU est un enjeu d'actualité, alors que le ministère de la Santé vient de lancer début juillet une campagne de communication digitale destinée à des jeunes. Les délais de prise pour la CU sont insuffisamment connus, selon le Baromètre 2016 de Santé publique France.
Un comprimé d'avance « au cas où »
Le terme couramment employé de « pilule du lendemain » n'est pas sans contribuer à entretenir la confusion. Il existe deux types de pilule « de rattrapage » : le Norlevo (lévonorgestrel) pouvant être pris jusqu'à 3 jours après le rapport à risque, mais dont l'efficacité décline avec le temps et le poids (75 kg), et EllaOne (ulipristal), pouvant être pris jusqu'à 5 jours.
Même si les deux molécules peuvent être délivrées à la pharmacie sans ordonnance, - et de façon gratuite et anonyme chez les mineures -, la délivrance d'une prescription d'avance facilite les choses. De plus, toutes les femmes, notamment les jeunes, n'ont pas forcément besoin d'une contraception régulière. « Il n'y a aucun risque à la prise itérative, a indiqué le Dr Jamin. Mais, en cas de rapports réguliers, il y aura fatalement une couverture insuffisante et un risque de grossesse ».
Même en cas de contraception régulière par pilule, il est recommandé de prescrire la CU de façon concomitante. « Les oublis de pilule, plus de 3 heures pour la Microval et > 12 heures pour toutes les autres, font partie des situations nécessitant une CU », a poursuivi le Dr Jamin. Le lévonorgestrel peut être pris en cours de plaquette en plus, sans précaution supplémentaire, et pour l'ulipristal, l'ANSM recommande d'associer des préservatifs pendant 12 jours.
Chez les femmes allaitantes, seul le lévonorgestrel est recommandé. Quant au DIU posé dans les 5 jours, c'est une possibilité, - « une contragestion » en empêchant l'implantation de l'ovule fécondé a-t-il été rappelé - mais qui « reste très peu utilisée en pratique », a indiqué le Dr Jamin.
Un accueil sans jugement
Les accidents de contraception font partie de la vie. Pourtant, le fait d'aller à la pharmacie après « un accident » n'est pas chose facile à faire, le regard des professionnels de santé étant facilement jugeant. « La délivrance à un tiers, parent ou partenaire, est autorisée », a fait remarquer Marion Chevrier, pharmacienne à Nantes.
« Il faut encourager les femmes à prendre la CU, a insisté le Dr Isabelle Asselin, médecin orthogénique et présidente de l'association universitaire de recherche, d'enseignement et d'information pour la promotion de la santé sexuelle (ASSUREIPSS) à Caen. Une femme qui demande une CU a pris conscience de la notion du risque et a une démarche responsable. Il faut être bienveillant et éviter les jugements moraux ».
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