Découverte fortuite
La coalescence des petites lèvres touche des filles pré pubères âgées de quelques mois à 6 ans avec un pic de fréquence entre 2 et 4 ans. Elle est toujours acquise et se constitue à la fin de la 1re année de vie. Elle nécessite en effet pour se constituer une muqueuse vulvaire fine, non estrogénisée. La vulve du nouveau-né est protégée par les estrogènes maternels et celle de l’adolescente par ses propres estrogènes.
L’accolement est habituellement observé au cours d’un examen systématique car il est asymptomatique. C’est parfois à l’occasion d’une vulvite ou d’une infection urinaire que la coalescence est reconnue, car la vulve est examinée plus attentivement mais cette association est fortuite. Dans notre expérience il n’a jamais été nécessaire de lever un accolement pour traiter des vulvites ou des infections urinaires.
Le diagnostic est clinique
Lorsque l’accolement est complet, la vulve apparaît plate, sans relief. On ne voit ni les petites lèvres, ni le vestibule de la vulve, ni l’urètre. Le clitoris et les grandes lèvres sont normaux. Leur traction latérale fait apparaître l’accolement sous l’aspect d’une ligne médiane, translucide, avasculaire depuis la fourchette vulvaire jusqu’au clitoris. Il persiste un petit orifice sous clitoridien bordé par l’origine des petites lèvres qui se rejoignent sur la ligne médiane. L’accolement peut être incomplet ne concernant qu’une partie du bord des petites lèvres, postérieur le plus souvent, parfois médian ou antérieur.
Diagnostic différentiel
L’accolement ne doit pas être confondu avec une anomalie du développement des organes génitaux qui comporte une fusion partielle ou complète des grandes lèvres et souvent une hypertrophie clitoridienne. Elle ne doit pas faire évoquer une imperforation hyménéale ou une aplasie vaginale, car alors les petites lèvres sont normales, le méat urinaire visible et, derrière lui, existe une cupule pleine à la place de l’orifice vaginal.
Une seule circonstance clinique bien que rare est à savoir reconnaître car elle nécessite un traitement spécifique. C’est l’association à un lichen scléreux vulvaire qui se manifeste par un prurit intense, un aspect blanc nacré, dépoli, de la muqueuse vulvaire et périnéale, et parfois des excoriations et des hémorragies sous épithéliales.
Dans tous les autres cas, aucun traitement n’est nécessaire.
Abstention thérapeutique avant tout
La séparation manuelle, qu’elle soit faite avec ou sans pommade anesthésiante, avec ou sans préparation par une pommade estrogénique et même sous anesthésie générale est toujours inutile, souvent traumatisante, et dans la majorité des cas suivie de récidives.
De même l’application répétée de crème à activité éstrogénique (type Colpotrophine) a été proposée. Elle permet parfois une levée douce et progressive de l’accolement, mais là encore l’arrêt du traitement est suivi de récidive.
Et la répétition ou la prolongation de soins locaux peut être à l’origine de perturbations relationnelles et psychologiques par l’inquiétude qu’elle engendre et par cette attention trop soutenue sur la vulve qui dans certaines familles peut favoriser la confusion des espaces à respecter chez l’enfant : le soin et l’intime.
Il ne faut donc pas traiter les coalescences des petites lèvres.
Les répercussions secondaires des traitements sont d’autant plus injustifiables que les accolements sont bénins et évoluent toujours vers une guérison spontanée au cours de l’enfance ou au plus tard lors des premières modifications vulvaires de la puberté.
Gynécologues
Unité d’endocrinologie et gynécologie pédiatrique
Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris
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