Après un premier courrier d'alerte de l'ensemble des représentants du secteur de prise en charge des personnes âgées, qui avait abouti à une dispensation de masques chirurgicaux dans les EHPAD, la gériatrie française, dans toutes ses composantes (enseignants, société française, syndicats, associations) s'est adressée fin mars au ministre de la Santé. Au nom des instances gériatriques, c'est le président du Conseil national professionnel (CNP) de gériatrie qui signe une lettre ouverte réclamant une série de mesures pour « atténuer l'impact de l'infection à Covid-19 sur les personnes âgées dépendantes ».
Réponses différenciées
Le Pr Claude Jeandel souligne qu'une situation « préoccupante » est subie au sein d’un nombre croissant d’EHPAD et de services médico-sociaux, avec une extension des cas rapide et souvent « consécutive à la transmission virale d’un soignant asymptomatique ». Depuis samedi, des mesures renforcées ont été annoncées par le gouvernement, qui préconise le confinement en chambre individuelle des personnes âgées ainsi que le testing prioritaire des personnels en EHPAD.
Mais les instances de la gériatrie vont plus loin et demandent des « réponses différenciées » en fonction de trois situations : le résident suspect d’infection Covid-19 sans que son pronostic vital soit en jeu ; le résident suspect d'infection en soins palliatifs, en fin de vie ou dont le pronostic vital est jugé « péjoratif » ; enfin le résident suspecté d’infection au Covid-19 dont le pronostic vital est en jeu (mais pour lequel l'hospitalisation avec prise en charge raisonnable représente un bénéfice réel).
Dans les deux premières situations, un confinement « en chambre individuelle », un encadrement médico-soignant adapté et la possibilité de recourir aux moyens thérapeutiques (soins et confort) sont nécessaires, souligne le courrier.
Mais dans le troisième cas (formes graves), la prise en charge en EHPAD est jugée impossible. Il faut donc garantir au résident un accès à l'hospitalisation (soins continus, unités Covid, hôpitaux de proximité, SSR), dès lors que cela représente « un bénéfice réel ». Les EHPAD sont en effet « dans l’incapacité logistique et matérielle d'assurer une prise en soins appropriée et conforme aux grands principes de l’éthique » et ne disposent ni des ratios en personnel soignant, ni d'une permanence soignante nocturne, ni des moyens matériels nécessaires, rappellent les gériatres. Le principe est donc de recourir à une filière gériatrique de proximité pour garantir l'accès au service le plus adapté.
Permanence gériatrique
Les gériatres appellent ensuite à faciliter la réalisation de tests PCR auprès des personnes âgées en EHPAD ou à domicile, dans de bonnes conditions de réalisation (masque FFP2 pour les préleveurs). Objectif : un diagnostic précis dans cette population exposée.
Le CNP appelle également à « renforcer l’encadrement médical et soignant » des EHPAD (IDE, aides-soignantes) en mobilisant les libéraux et la réserve sanitaire. La mise en place d'une permanence de gériatre 24/24 h par territoire est également recommandée.
Accès à des molécules réservées à l'usage hospitalier
Le CNP de gériatrie plaide ensuite pour la mise à disposition de molécules habituellement réservées à l’usage hospitalier, comme le midazolam ou le Perfalgan, ou en rupture d'approvisionnement chez nombre de répartiteurs (Scoburen, Rivotril, Primperan). Ces produits sont jugés indispensables pour prendre en charge « dignement » la détresse respiratoire asphyxique des résidents ne relevant pas d’une hospitalisation.
À ce titre, le courrier réclame l'élargissement des autorisations de prescriptions du médecin coordonnateur (clonazépam, midazolam). Enfin, il conviendrait d'engager rapidement un « essai clinique en EHPAD » sur différentes molécules candidates (antiviraux, hydroxychloroquine, azithromycine).
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