ALORS QUE ce gène était connu pour activer les cellules Natural Killers (NK), son inactivation rend paradoxalement ces cellules NK hypersensibles aux signaux d’alerte envoyés par les cellules malades.
Retour sur les travaux de recherche des équipes d’Éric Vivier et Sophie Ugolin du centre d’immunologie de Marseille-Luminy (INSERM/CNRS/Université Aix Marseille).
Les chercheurs rappellent qu’ils ont identifié une lignée de souris dont les cellules NK étaient hyperréactives. Ces souris ont été élevées afin d’en obtenir un stock homozygote. Le phénotype murin obtenu a été appelé Noé ; il est apparu qu’il résultait d’une seule mutation autosomale récessive. La réponse excessive de leurs NK a été confirmée in vitro. Puis les chercheurs ont infecté des souris Noé et des souris sauvages par le cytomégalovirus. Résultat : alors que les deux groupes de souris survivent à de faibles doses de virus, seules les souris Noé survivent à des doses moyennes ; et si de fortes doses sont léthales pour les deux groupes de souris, les souris Noé survivent plus longtemps. Cette résistance est apparue liée aux cellules NK. Les souris Noé avaient, quatre jours après l’infection, de moindres taux de CMV dans la rate et le foie (respectivement 4/5e et 5/6e).
Les chercheurs ont ensuite cherché à identifier la mutation récessive responsable de la résistance des cellules NK des souris Noé. Ils ont donc séquencé le génome entier d’une souris Noé et d’une souris sauvage. Ils se sont alors focalisés sur une mutation (W32R) du gène Ncr1, présente chez toutes les souris Noé. Ce gène code le récepteur NKp46 des cellules NK, lequel est conservé chez tous les mammifères et est exprimé dans toutes les cellules NK matures. NKp46 est connu depuis des années comme activant les NK.
Greffe de moelle, chimiothérapie.
Les chercheurs n’ont pas réussi à retrouver ce récepteur NKp46 à la surface des NK des souris Noé.
Pour tester le potentiel thérapeutique de leur découverte, les chercheurs ont bloqué le récepteur NKp46 à l’aide d’un anticorps monoclonal. Résultat : cet anticorps rend les cellules NK beaucoup plus efficaces.
« Désormais notre objectif est d’explorer plus avant les mécanismes biologiques sous-jacents et de travailler en collaboration avec l’industrie biopharmaceutique et l’hôpital pour évaluer le potentiel médical de ce nouveau type de traitement, notamment pour les patients dont le système immunitaire est déjà très affaibli comme les malades atteints d’un déficit immunitaire et les patients ayant subi une greffe de moelle ou une chimiothérapie anticancéreuse », indique Éric Vivier.
Émilie Narni-Mancinelli, Baptiste N. Jaeger, Claire Bernat et coll., Science du 19 janvier 2011.
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