OUI, LA RECHERCHE d’un vaccin anti-CMV est une entreprise de longue haleine : cela fait plus de trente ans que les premiers essais cliniques ont eu lieu. Dans les années 1990, ont été entrepris les premiers essais avec un vaccin fondé sur la glycoprotéine d’enveloppe B du CMV avec un nouvel adjuvant, MF59 (émulsion squalène dans l’eau). Ces essais ont montré que le vaccin est immunogène et possède un profil acceptable d’effets secondaires. Ce sont les résultats d’un essai de phase II randomisé en double aveugle contre placebo qui sont publiés aujourd’hui même dans le « New England Journal of Medicine ».
Cet essai a porté sur 234 femmes qui ont reçu le vaccin et 230 un placebo. Femmes séronégatives pour le CMV, âgées de 14 à 40 ans, non enceintes et non allaitantes. Trois doses du vaccin (ou du placebo) ont été administrées à 0, 1 et 6 mois. Le suivi a duré quarante-deux mois pendant lesquels était effectué tous les trois mois un dosage des IgG contre les protéines du CMV autres que la glycoprotéine B. Une infection était confirmée par culture virale ou immunoblot. Le critère primaire était le délai jusqu’à la détection d’une infection à CMV. Après un suivi d’un an, on avait observé 49 infections à CMV confirmées : 18 dans le groupe vaccin et 31 dans l’autre. Une analyse a montré que le groupe des femmes vaccinées avait plus de chances de rester non infectées pendant quarante-deux mois que l’autre groupe (p = 0,02). L’efficacité vaccinale a été de 50 %. Une infection congénitale a été observée parmi les enfants nés des femmes vaccinées contre trois chez les enfants des femmes de l’autre groupe. Il y a eu davantage de réactions locales (douleur, rougeur, induration, chaleur) et systémiques (frissons, arthralgies, myalgies) dans le groupe vaccin que dans le groupe placebo. « Le vaccin CMV par glycoprotéine d’enveloppe a le potentiel de diminuer l’incidence des cas maternels et congénitaux », concluent les auteurs (Robert Pass et coll.).
De grandes cellules avec inclusions dans les urines.
Des résultats jugés « prometteurs » par Cornelia Dekker et Ann Arvin, signataires d’un éditorial.
« Le CMV, rappellent-elles, a été reconnu responsable d’une cause d’anomalies congénitales quand on a introduit la recherche de la syphilis congénitale chez les nouveau-nés. Quelques enfants présentant une microcéphalie, une choriorétinite, une hépatosplénomégalie, une thrombopénie et d’autres signes d’infection intra-utérine avaient dans leurs urines de grandes cellules contenant des inclusions cytoplasmiques, conduisant au diagnostic de "maladie des inclusions cytomégaliques". »
On estime que de 0,6 à 0,7 % des enfants naissent avec une infection congénitale. Environ 11 % des enfants infectés sont symptomatiques à la naissance. La plupart des infections intrautérines surviennent en raison d’un en virémie maternelle chez des femmes qui ont une infection établie ; la transmission survient dans 1,4 % de ces grossesses-là et les séquelles sont inhabituelles chez l’enfant. Cependant, de nouvelles infections maternelles surviennent dans 0,7 à 4,1 % des grossesses, avec transmission au ftus dans 32 % des cas ; dans ces cas-là, les conséquences ftales sont plus fréquentes : 0,5 % en meurt et 17 à 20 % ont des séquelles permanentes.
La vie moderne.
L’équilibre établi depuis très longtemps entre les virus herpès et l’homme a été rompu par la vie moderne, indiquent les éditorialistes. La persistance du CMV dans la population a été assurée principalement par l’allaitement, les enfants non infectés par cette voie pouvant l’être au contact d’autres enfants. L’allaitement étant devenu une option et les familles étant devenues plus petites, au moins 50 % des femmes des groupes socio-économiques les plus élevés sont restés susceptibles au CMV. Dans ces circonstances, le CMV peut leur être transmis par voie sexuelle ou par contact avec de jeunes enfants, parfois les leurs.
N Engl J Med, 360 ; 12, 19 mars 2009, pp. 1191-1199 et 1250-1252.
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