IL NE FAISAIT aucun doute jusqu’à présent que la schizophrénie et les troubles bipolaires étaient deux entités différentes. Sans remettre en cause toute la nosologie psychiatrique pour autant, ces deux maladies ne seraient pas si éloignées qu’il y paraît au prime abord. À l’aide d’une vaste métaanalyse, un consortium de recherche international vient, en effet, d’identifier des polymorphismes communs à la schizophrénie et aux troubles bipolaires. La surprise n’est pas cependant pas totale en réalité puisqu’une origine génétique commune est suspectée depuis quelques années (le «Quotidien» n° 7845 du 18 novembre 2005). Ces polymorphismes d’un seul nucléotide, ou « SNPs » en anglais, sont situés sur le chromosome 6 (6p22.1), dans la région codant pour le complexe majeur d’histocompatibilité. Cette association génétique corrobore ainsi l’hypothèse selon laquelle l’immunité jouerait un rôle dans la schizophrénie et permettrait d’expliquer certains facteurs de risque environnementaux. En particulier, un phénomène auto-immun est évoqué depuis longtemps, puisqu’il est connu que les femmes ayant eu la grippe au cours de la grossesse ont un risque majoré de donner naissance à un enfant schizophrène.
Plus de 27 000 sujets.
Ce vaste consortium de recherche, auquel ont collaboré plus d’une dizaine d’instituts en Europe et aux États-Unis, dont le Massachusetts General Hospital, le National Institute of Mental Health (NIMH) et la Stanford University Medical Care, a réalisé la plus grande métaanalyse sur le sujet à partir de trois études similaires publiées séparément. L’échantillon de population totalise ainsi plus de 8 000 sujets schizophrènes et plus de 19 000 contrôles. « Ces polymorphismes cumulés jouent un rôle majeur et seraient responsables d’au moins pour un tiers du risque héréditaire », explique le Dr Shaun Purcell, de l’université de Harvard et co-auteur de l’étude. Les associations génétiques les plus fortes avec la schizophrénie ont été retrouvées pour une région du chromosome 22 et pour plus de 450 variants dans une région du chromosome 6.
De manière frappante, il a été constaté que certains variants génétiques étaient communs aux troubles bipolaires, alors qu’aucune association n’a été retrouvée avec une douzaine de maladies fréquentes non psychiatriques. « Ces résultats suggèrent de considérer d’un il neuf nos classifications diagnostiques », a déclaré le chercheur Thomas Insel du NIMH. « Si certains des risques génétiques sont communs à la schizophrénie et aux troubles bipolaires, il se pourrait que ces maladies proviennent d’une vulnérabilité commune au cours du développement cérébral ». Il est ainsi question à l’avenir d’identifier les mécanismes impliqués dans le développement neuronal anormal au cours de ces maladies psychiatriques.
Nature, édition en ligne du 1er juillet 2009.
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