Des déficits génétiques seraient en cause dans le syndrome inflammatoire multi-systémique (MIS-C ou PIMS) de l’enfant, en ne régulant pas correctement la réponse immunitaire de l'organisme, montre une étude française. Ce travail coordonné par les Prs Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel a été publié dans « Science » le 20 décembre.
L'objectif de ce travail, mené par l'équipe du laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, de l’Inserm, d’Université Paris Cité au sein de l’Institut Imagine*, était d’identifier une cause du MIS-C à la suite d’une infection par le Sars-CoV-2. Cette pathologie toucherait environ 1 enfant sur 10 000 infectés par le Covid-19. Le syndrome, semblable à la maladie de Kawasaki, survient généralement quatre semaines après l’infection mais ses symptômes étant peu spécifiques (fièvre, altération de l’état général et troubles digestifs), il peut faire l'objet de retard de diagnostic. Ceci, d’autant que l’infection par le Sars-CoV-2 est souvent peu symptomatique, voire asymptomatique, chez l’enfant.
Gènes OAS1, OAS2 et RNASEL
Les chercheurs ont déjà précisé le rôle des interférons de type 1 dans les formes graves de Covid, chez l'adulte. Cette fois, 558 patients atteints de MIS-C, âgés de trois mois à 19 ans et issus de 16 pays différents (60,4 % de garçons et 39,6 % de filles) ont été analysés, via le séquençage complet de leur génome et exome.
Les chercheurs se sont penchés en particulier sur cinq de ces patients âgés de trois mois à 14 ans, non apparentés, qui possédaient des mutations responsables d’une perte de fonction dans une zone de leur génome (affectant les gènes OAS1, OAS2 et RNASEL). Ces mutations étant récessives, il fallait que les enfants possèdent deux copies héritées de chacun de leurs parents pour qu’elles s’expriment.
Ils ont été comparés immunologiquement à des enfants en bonne santé et à des enfants atteints d’une infection par le Sars-CoV-2. Chez les enfants présentant une mutation dans la voie OAS-RNase L, un excès de réponse au virus a été observé dans les cellules phagocytaires (monocytes, cellules dendritiques, etc.), capitales dans la réponse immunitaire.
Pour rappel, une sous-activation du système immunitaire empêche l’organisme de combattre correctement le Sars-CoV-2, tandis qu'une suractivation du système immunitaire peut conduire également à de graves dysfonctionnements.
L’étude a donc permis de mettre en lumière des déficits génétiques qui expliqueraient le MIS-C, en ce qu'ils augmentent de façon excessive la réponse inflammatoire déclenchée par le Sars-CoV-2 dans les cellules phagocytaires.
De manière plus générale, les données de ce travail démontrent que la voie OAS1, OAS2 et RNASEL est essentielle à la régulation correcte de l’immunité contre le Sars-CoV-2, en limitant l’inflammation produite par les phagocytes au contact du virus.
*À la tête du consortium international COVID Human Genetic Effort (www.covidhge.com) coordonné par le Pr Jean-Laurent Casanova et le Pr Laurent Abel
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