«C’EST LE PREMIER CLONAGE HUMAIN » assure Mathilde Girard. La différence est fondamentale d’avec la production des cellules iPS. « Pour la production des iPS, reprend la chercheuse, on prend une cellule somatique, en général fibroblastique, on la modifie en introduisant des gènes extérieurs ou transgènes, afin de lui faire exprimer des gènes de pluripotence qui l’amène à ce phénomène de reprogrammation . Les cellules reviennent en arrière à un état de cellules souches pluripotentes. C’est le principe de la reprogrammation iPS ».
« Là, explique Mathilde Girard, c’est complètement différent. L’équipe du Dr Shoukrat Mitalipov a pris un noyau de fibroblaste et l’a introduit dans un ovocyte. Ils ont réussi à activer cet ovocyte de façon à ce qu’il prenne cela pour une fécondation et qu’il commence à fabriquer un embryon ».
Technique Dolly appliquée à l’humain.
C’est le principe du clonage. La technique est la même que celle utilisée pour Dolly. Sauf que cela n’avait jamais été fait pour un embryon humain. « Une fois qu’ils ont obtenu un embryon qui s’est développé jusqu’au stade de blastocyste, ils ont dérivé une lignée de cellules souches embryonnaires à partir de la masse cellulaire interne qui est la technique classique pour dériver une lignée de CSE. Il n’y aucune manipulation génétique : c’est un clonage humain avec une dérivation de lignées de cellules souches embryonnaires humaines. On obtient effectivement une lignée de CS pluripotentes parfaitement identiques génétiquement au donneur du fibroblaste comme c’est le cas pour les iPS. Mais la technique de reprogrammation n’est absolument pas la même.» Le génome est exclusivement issu du fibroblaste puisque l’ovocyte est énucléé ; en revanche, le génome mitochondrial est celui de l’ovocyte. "C’est vraiment le principe même du clonage" réaffirme Mathilde Girard.
Prochaine étape.
Quant aux conclusions de l’étude qui avancent l’absence d’anomalies génétiques de ces cellules souches embryonnaires, « ils le mentionnent mais ne le prouvent pas « pondère Mathilde Girard. La prochaine étape sera de comparer les cellules iPS et les CSE obtenues par transfert nucléaire ; la comparaison des lignées entre elles permettra de savoir si les anomalies que l’on connaît des iPS sont dues à la technique de reprogrammation ou à la reprogrammation elle-même "ce qui n’est pas très naturel, précise Mathilde Girard.
«S’il est prouvé qu’il n’existe pas de différences fondamentales entre les deux, il sera beaucoup plus facile d’obtenir techniquement et éthiquement des cellules iPS que des ES par transfert nucléaire ».
Pourquoi la technique avait-elle échoué auparavant ? « C’est là que l’équipe américaine produit le plus de réponse, poursuit Marthilde Girard. Il y a une qualité très particulière apportée à la stimulation. Le milieu de culture est spécifique, supplémenté en caféine. Il y a une façon de l’activer. L’équipe a eu une très bonne donneuse d’ovocytes ». Si la technique est celle du clonage humain « il semble que les embryons ne soient pas viables, c’est-à-dire que les embryons pourront pas être réimplantés. L’objectif des chercheurs est le clonage thérapeutique par opposition au clonage reproductif ».
« Je serai très intéressé de la suite qui sera donnée à cette expérience, ajoute Mathilde Girard, leur comparaison avec les cellules iPS sur le fait notamment de savoir si elles sont très proches des cellules souches embryonnaires, sur la différenciation et sur l’épigénétique.»
En 2005, des travaux coréens faisaient état du premier clonage humain. Les données se sont avérés falsifiées. Le Dr Shoukhrat Mitalipov a toute la confiance des chercheurs français. « Il travaille sur le sujet depuis longtemps et a déjà cloné des cellules de primates. A priori, il y a peu de risques ».
*des cellules Souches pour le Traitement et l’Etude des maladies Monogéniques (I-Stem) dirigé par Marc Peschanski.
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