L’ACIDE ASCORBIQUE est de longue date considéré comme une molécule indispensable au développement biologique normal. Plusieurs propriétés biochimiques ont été décrites, en relation avec une activité antioxydante bien documentée. Les doses recommandées pour la prévention du scorbut sont de 75 à 90 mg par jour. Quelques auteurs, comme Linus Pauling, ont suggéré que des doses élevées pourraient prévenir le cancer, ce qui a été l’objet de débats passionnés dans la communauté scientifique. Peu d’études ont été menées toutefois. Quelques rares publications ont décrit un effet antiprolifératif, généralement en relation avec les propriétés antioxydantes.
Une équipe française (Sophie Belin et coll., facultés de médecine et de pharmacie de Marseille), après un déroulement en plusieurs étapes de leurs travaux, confirme l’existence d’une activité antiproliférative de l’acide ascorbique et en fait une description moléculaire.
L’AMP cyclique.
« Nous avons récemment démontré que des concentrations élevées d’AA corrigent partiellement un phénotype de maladie de Charcot-Marie Tooth sur un modèle de souris, par une action de régulation négative de gènes PM22, dont l’expression est régulée par l’AMP-cyclique. En complément, nous montrons que cette action s’appuie sur l’induction par l’acide ascorbique du pool d’AMPc intracellulaire. Ce que d’autres antioxydants (alphatocophérol…) sont inaptes à exécuter. L’AA a un rôle critique sur l’AMPc, qu’il réduit en exerçant un effet d’inhibition compétitive de l’activité enzymatique de l’adénylcyclase. »
S. Belin et coll. ont poussé les explorations plus loin, en recherchant l’effet de l’AA sur l’expression d’autres gènes, en particulier chez les humains.
Pour cela, ils ont utilisé un matériel d’analyse pangénomique par puces à ADN. Et observé que l’AA inhibe l’expression de deux catégories de gènes nécessaires au déroulement du cycle cellulaire : les ARNt synthétases et des gènes codant des facteurs d’initiation et de translation.
Un arrêt en phase S.
« Dans les essais in vitro, nous démontrons que l’AA induit un arrêt en phase S du cycle de réplication de cellules normales ainsi que des cellules tumorales prolifératives. » En augmentant les concentrations, on aboutit à une mort cellulaire nécrotique. Les cellules quiescentes toutefois ne sont pas sensibles à la toxicité de l’AA « suggérant que le blocage de la synthèse protéique est nuisible essentiellement à des cellules métaboliquement actives ».
En travaillant sur des modèles animaux, Sophie Belin et coll. découvrent que des concentrations élevées d’AA inhibent la progression tumorale chez des souris ayant eu une greffe de cellules de carcinome colique humain. Ils retrouvent de manière constante une dépression de l’expression des ARNt-synthétases et des gènes des facteurs d’initiation dans ces cellules tumorales, sous l’effet du traitement par AA.
« Un traitement par des doses élevées d’AA entraîne une réduction de la progression tumorale, comme en témoigne une diminution du poids de la tumeur », observent ces auteurs. Les animaux traités ayant eu les doses les plus élevées n’ont pas présenté d’invasion carcinogénique, à l’inverse de ceux ayant eu des doses peu importantes ou des témoins.
Chez les humains, les rares essais cliniques réalisés sur l’effet de l’AA dans le cancer ont montré des résultats divergents : certains indiquent un bénéfice, tandis que d’autres sont négatifs. « Nous pouvons noter que les études positives ont été menées avec des injections intraveineuses de vitamine C, tandis que les études négatives ont impliqué des administrations orales. »
« Des études cliniques où des patients ayant un cancer avancé recevant des injections de concentrations élevées de vitamine C permettraient d’éclairer le débat sur son utilité thérapeutique. »
PLoS One, février 2009, vol.4, n° 2, e4409
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