La polykystose rénale autosomique dominante (PKRAD) est la plus fréquente des maladies génétiques rénales. Elle se caractérise par le développement de kystes rénaux tout le long de la vie et par la survenue secondaire d’une insuffisance rénale chronique (IRC) pouvant évoluer vers l’insuffisance rénale terminale (IRT) dans près de 60 % des cas. Cependant l’expression clinique est très variable, certains patients arrivant en dialyse avant 40 ans et d’autres présentant une IRC modérée à 80 ans. Ces dernières années, de nombreux travaux chez l’animal ont mis en évidence les voies de signalisation physiopathologiques et dégagé des cibles thérapeutiques potentielles pour ralentir la croissance des kystes et la progression de la maladie. L’année 2017 est marquée par la mise sur le marché du premier traitement indiqué dans la polykystose : le tolvaptan. Nous espérons que d’autres molécules suivront.
L’étape suivante consiste à préciser les indications des futurs traitements. En effet, compte tenu du coût et de la tolérance des nouvelles molécules et au regard de la variabilité de la progression de la maladie, tous les patients ne seront pas éligibles au traitement. C’est dans ce contexte que nous avons développé le PRO-PKD score. Ce travail a été réalisé au sein de la cohorte Genkyst qui regroupe l’ensemble des patients polykystiques sur le territoire de l’ouest de la France.
Quatre facteurs prédictifs
Dans un premier temps, nous avons analysé les facteurs génétiques et cliniques influençant l’évolution de la maladie. Deux gènes sont impliqués : PKD1 et PKD2. Nous avons montré que la maladie est peu sévère en cas de mutation de PKD2 : l’âge médian de survenue de l’IRT est de 77 ans. Elle est plus sévère en cas de mutation de PKD1 : l’âge médian de l’IRT est de 55 ans en cas de mutation tronquante de PKD1 (inhibition complète de l’expression de la polycystine 1, protéine codée par PKD1) et de 66 ans en cas de mutation non tronquante de PKD1.
Sur le plan clinique, le genre (masculin), une hypertension artérielle (HTA) traitée avant 35 ans et la survenue d’une première complication urologique avant 35 ans (douleurs, infections kystiques, hématuries macroscopiques) sont des facteurs péjoratifs d’évolution de la maladie. Un score de prédiction a été construit en prenant en compte ces 4 facteurs prédictifs (genre, HTA, complications urologiques, mutation).
À partir d’une analyse multivariée, des risques relatifs (RR) de chaque facteur ont été calculés pour prédire le risque de survenue d’une IRT avant 60 ans. Le score a été construit en attribuant des points (0 à 9) en fonction des RR des 4 facteurs. Le score permet de différencier 3 groupes de risque : faible risque (score 0 à 3), risque élevé (> 6 points) et risque intermédiaire (3 à 6). Ce score vient d’être validé dans une cohorte indépendante ; il permet de sélectionner les patients les plus à risque donc les plus susceptibles de répondre au traitement, et d’éliminer ceux qui ne progresseront pas et n’ont pas d’intérêt à être traités.
CHRU la Cavale Blanche, Brest
Cornec-Le Gall E et al. J Am Soc Nephrol 2016;27:942-51
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