Alors qu’ils mangent, grignotent, voire se gavent de la même manière d’aliments conduisant dans la croyance populaire à l’obésité (bonbons, glaces, frites, hamburgers…), certains enfants ou adolescents sont prédisposés à devenir obèses, d’autres à rester minces.
L’alimentation à elle seule n’explique pas tout. L’obésité de l’enfant et de l’adolescent est une pathologie. « C’est une maladie constitutionnelle, une perturbation des centres de régulation du poids en grande partie génétiquement déterminée. L’alimentation en permet l’expression phénotypique, explique le Pr Patrick Tounian. Même si les mécanismes génétiques sont difficiles à décrypter, on ne peut qu’être frappé par l’observation d’une transmission quasi mendélienne de l’obésité dans des familles où seul un parent et la moitié des enfants sont obèses. »
L’obésité de l’enfant n’est pas celle de l’adulte
La principale difficulté à laquelle le praticien est confronté « est son inclinaison à appliquer en pédiatrie des principes valables chez l’adulte », remarque le Pr Tounian.
- Le sur-risque cardiovasculaire ? : « Il n’existe pas à court terme en pédiatrie. À long terme, seul compte l’état à l’âge adulte, peu importe si l’enfant était ou non obèse ».
- Les examens complémentaires ? : « Ils ont peu d’indications, la TSH ne doit être prescrite qu’en cas de cassure staturale, elle est donc inutile dans la majorité des cas ».
- La nécessité de traiter ? : « L’obésité régresse spontanément chez 50 % des enfants obèses de moins de 6 ans. Si l’enfant ou l’adolescent n’est pas demandeur, tout régime est voué à l’échec ».
- Le risque de yoyo ? : « Lorsque l’adulte obèse se relâche après un régime, il risque de dépasser son poids d’avant régime, où il était déjà un peu au régime. L’enfant obèse n’est jamais un peu au régime : il y est ou n’y est pas. Avant 8-10 ans, il ne fait pas le lien entre son alimentation et son poids. S’il répète volontiers au médecin qu’il a compris comment s’alimenter, il sort de consultation et demande une grosse part de frites », rappelle le Pr Tounian
Quand proposer un régime ?
« Plutôt que d’invoquer la santé comme faux prétexte pour le faire maigrir, d’angoisser l’enfant et de lui expliquer qu’il pourrait quand même résister aux gourmandises, demandons-lui si l’obésité le gène. Tentons de repérer les vrais prétextes infantiles d’amaigrissement : la souffrance liée au regard des autres, l’envie de faire du sport, de la danse classique, ou une taille 34 comme les copines… Dédramatisons, expliquons-lui qu’il est programmé pour être gros et que c’est une sorte d’injustice de la nature », préconise le Pr Tounian.
Si l’enfant ou l’adolescent obèse désire maigrir, il doit manger moins (limiter les calories ingérées pendant les repas et supprimer le grignotage) « mais aussi lutter contre sa nature, précise le Pr Tounian. Les systèmes de régulation du poids vont stimuler l’appétit, réduire les dépenses énergétiques de repos (jusqu’à -20 %) et l’activité physique, pour contrecarrer les restrictions. »
Quel régime préconiser ? Si l’enfant arrive à limiter la quantité d’aliments énergétiques, ce qui n’est pas facile, il peut continuer à en consommer (petite portion de pâtes, de frites, de Nutella). Sinon, privilégier des aliments peu énergétiques en plus grande quantité (grosse assiette de salade, de légumes verts…). Pour diminuer la sensation d’appétit on augmentera sa ration de viandes et poissons maigres (effet rassasiant des protéines). « L’idée est qu’il sorte de table en n’étant pas totalement rassasié, mais suffisamment pour tenir jusqu’au prochain repas sans grignoter », conclut le Pr Tounian.
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