La recherche en myologie « s’accélère », observe auprès du « Quotidien » Serge Braun, directeur scientifique de l’AFM-Téléthon. « Les technologies se sont améliorées, permettant d’analyser l’expression de milliers de gènes à la fois, d’étudier les voies métaboliques des cellules de manière extrêmement précises, mais aussi de comprendre les mécanismes physiopathologiques en jeu ou les réactions des organes et tissus à la pathologie ou à une intervention thérapeutique », énumère-t-il.
Ces avancées permettent de « dégager de nouvelles pistes thérapeutiques ou de nouvelles combinaisons de traitements (thérapie génique combinée à des molécules plus classiques) », poursuit le pharmacien. Deux congrès organisés par l'AFM-Téléthon, la 7e édition du congrès international de myologie (du 12 au 15 septembre) et mitoNice sur les maladies mitochondriales (du 15 au 17 septembre), qui se tiennent tous les deux à Nice, permettent de faire le point sur les recherches en cours.
Depuis la précédente édition du congrès de myologie en 2019, plusieurs programmes de recherche et essais cliniques sont arrivés à terme et ont débouché sur la mise sur le marché de traitements pour les maladies neuromusculaires, y compris des thérapies géniques. Ces progrès posent de nouveaux défis, pour le suivi à long terme des patients par exemple ou pour contrecarrer l’effet immunitaire observé avec les thérapies géniques.
Améliorer la réponse aux thérapies géniques
Les gènes thérapeutiques sont introduits dans l’organisme à l’aide d’un vecteur viral. Mais, une partie de la population ciblée par ces thérapies, parce qu’elle a déjà rencontré les virus utilisés, est immunisée contre ces vecteurs : « on ne peut pas les administrer, car ils sont neutralisés par l’organisme », explique Serge Braun, soulignant la similitude de cette problématique avec celle rencontrée lors de greffes d’organes.
Face à ce défi, des collaborations se mettent en place. Dans la myopathie de Duchenne, quatre programmes d'essais cliniques sont en cours, dont un mené par le Généthon. Lorsqu’un petit nombre de patients de chaque essai a développé une réponse immunitaire contre le gène médicament, les quatre promoteurs ont rapidement partagé l’information, indique Serge Braun. Cette première, présentée au congrès, « a permis de comprendre ce qu’il se passait et de mettre en place une adaptation du protocole des essais pour éviter la reproduction de ces effets secondaires », se félicite le pharmacien.
Un autre défi relève de la production à grande échelle des thérapies géniques, avec des produits qui doivent être administrées en très grande quantité. « Contrairement à un vaccin où une infime quantité est injectée, on doit traiter la moitié de la masse de l’organisme (les muscles) ce qui nécessite l’administration de doses équivalentes à 1 million de doses d’un vaccin », met en perspective Serge Braun. Cet enjeu pèse autant sur les industriels que sur la recherche fondamentale, mobilisés pour l’élaboration de procédés de production « robustes » et au « coût abordable ».
Des dépistages néonataux à l'étude
Des pistes d’amélioration de la prise en charge des maladies neuromusculaires relèvent d’aspects plus sociétaux. « Dans ces pathologies, souvent dégénératives et dont le processus peut être irréversible, l’enjeu est de traiter le plus tôt possible », rappelle Serge Braun. Dans l’amyotrophie spinale infantile par exemple, trois médicaments disponibles changent le cours de la maladie, d’autant plus que le traitement intervient précocement, idéalement dès la naissance.
Une étude pilote, Depisma, menée dans le Grand Est et en Nouvelle Aquitaine, évalue la pertinence d’un dépistage génétique néonatal pour engager au plus vite une prise en charge. « Ce type de dépistage se fait déjà ailleurs de manière systématique. Mais en France, ces tests génétiques sont parfois perçus comme de l’eugénisme. Il s’agit pourtant d’un test PCR qui cible un gène très précis, responsable d’une maladie très précise », analyse le directeur scientifique, assurant travailler avec les décideurs pour « préparer les évolutions à venir ».
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