La réponse immunitaire aux infections varie bel et bien entre les populations, comme le confirment des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CNRS entre Africains et Européens. Les Africains ont une réponse immunitaire plus ample, en grande partie d'origine génétique, ce qui pourrait contribuer à expliquer l'incidence plus élevée de maladies auto-immunes comme le lupus dans ces populations.
Dans cette étude lancée il y a 4 ans et publiée dans « Cell », l'équipe de Lluis Quintana-Murci, responsable de l'unité Génétique évolutive humaine (Institut Pasteur/CNRS) a décodé la réponse immunitaire chez 200 sujets, 100 individus de chaque population.
Une étude similaire au Canada
Une autre étude publiée dans la même revue « Cell », mais celle-ci canadienne, aboutit à des résultats comparables chez 175 Américains dont la moitié d'origine africaine. L'équipe de Luis Barreiro de l'hôpital Sainte-Justine à Montréal, auteur principal, montre que les Afro-Américains ont une réponse immunitaire plus rapide, là aussi arguments génétiques à l'appui. La génétique expliquerait près de 30 % des différences observées entre les réponses immunitaires.
Dans l'étude de l'Institut Pasteur, en collaboration avec les équipes du Centre national de génotypage (CEA), du Max Planck Institute (Leipzig) et de l'université de Gand, ils ont analysé l'expression de l'ensemble des gènes de la réponse immunitaire. Plus précisément, la réponse des monocytes aux bactéries et aux virus, dont la grippe, a été étudiée par la totalité du séquençage ARN.
La rencontre avec l'homme de Néandertal
Les différences d'amplitude de la réponse immunitaire sont dues à des mutations génétiques, différemment distribuées entre Africains et Européens. Selon leurs travaux, la sélection naturelle a favorisé certaines de ces mutations génétiques, qui ont aidé les populations à s'adapter à l'environnement.
Les chercheurs font un constat très intéressant sur le processus de sélection naturelle. Même si les processus sont indépendants et jouant sur des gènes différents, le sens est toujours le même : une diminution de la réponse immunitaire. Ce constat d'évolution dite convergente confirme qu'il faut éviter une réponse immunitaire trop forte.
Les deux études canadienne et française révèlent que la rencontre des Européens avec l'homme de Néandertal, leur a transmis des mutations d'importance pour le contrôle de la réponse immunitaire, ce qui expliquerait une petite partie des différences entre les deux populations.
L'enjeu est de mieux comprendre la prédisposition à certaines maladies et de d'aller vers une médecine personnalisée. Tout n'est pas génétique. D'autres facteurs sont importants à étudier pour mieux comprendre la réponse immunitaire, comme l'environnement et les comportements.
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