Peu d’évolutions pour le diagnostic des MICI, exception faite du dosage de la calprotectine fécale, protéine présente dans le cytosol des polynucléaires neutrophiles, qui reflète l’inflammation au niveau intestinal. Elle a une très bonne valeur prédictive négative et est volontiers dosée chez les sujets jeunes en cas de doute diagnostique, notamment avec des troubles fonctionnels intestinaux. Un taux bas permet d’éliminer avec une quasi-certitude le diagnostic et d’éviter la réalisation d’examens invasifs inutiles.
Objectif, cicatrisation des lésions
En revanche, les objectifs thérapeutiques chez les patients ayant une maladie de Crohn ou une rectocolite hémorragique (RCH) ont évolué avec l’avènement des nouvelles armes thérapeutiques. On vise désormais la rémission clinique et la cicatrisation des lésions inflammatoires de la muqueuse intestinale (le « mucosal healing » des Anglo-Saxons).
« Dans la RCH, maladie la plus homogène, il est évident qu’il faut obtenir la cicatrisation des lésions au-delà de la disparition des symptômes, souligne le Pr David Laharie. L’absence de sang rouge dans les selles ne signe pas la cicatrisation et de plus en plus, on a recours au dosage de la calprotectine pour apprécier l’évolution des lésions. Les valeurs seuils sont encore discutées, mais plus le taux est bas, meilleure est la cicatrisation ». Il y avait toutefois encore deux freins à l’utilisation de cet outil de suivi : l’absence de cotation (la Haute Autorité de santé a donné un avis favorable à l’inscription sur la liste des actes et prestations le 28 mai dernier) et la mauvaise observance aux prélèvements de selles, qui doivent être répétés environ tous les trois mois, et qui gênent certains patients. Des kits de dosage à domicile ont été développés, dont les résultats peuvent être déchiffrés par le patient sans avoir besoin de se rendre dans un laboratoire, ce qui devrait faciliter le recours à cet outil de suivi.
Dans la maladie de Crohn, pathologie à plusieurs visages, l’objectif est également la cicatrisation des lésions de la muqueuse intestinale, mais les modalités de suivi dépendent de la localisation. Dans les atteintes de l’intestin grêle, qui concernent environ un tiers des patients, le dosage de la CRP reste aujourd’hui le marqueur le plus utilisé. Lorsque la maladie est active, son taux augmente au-delà du seuil de 5 chez deux patients sur trois. Dans les autres localisations, l’appréciation de l’activité de la maladie sur les critères cliniques est de plus en plus souvent complétée par le dosage couplé de la CRP et de la calprotectine.
Développement de l’échographie
Autre voie de progrès pour le suivi des patients atteints de maladie de Crohn : le recours à l’échographie, développée initialement par des équipes de gastroentérologues en Allemagne et en Italie et qui est désormais peu à peu accessible en France. Un progrès majeur, alors que l’imagerie de l’intestin s’est historiquement fondée sur le transit du grêle, puis le scanner et depuis une dizaine d’années sur l’entéro-IRM, examen non irradiant mais souvent mal toléré.
Enfin, la télémédecine, qui a connu un réel essor depuis la pandémie de Covid-19, devrait largement profiter à certains patients souffrant de MICI, sous réserve qu’ils soient bien informés, à l’aise avec le digital et que leur maladie soit stable. « Avec la cotation de l’acte de télémédecine, on a vraiment franchi un cap », estime le Pr David Laharie.
D’après un entretien avec le Pr David Laharie, hôpital haut-Lévêque, CHU de Bordeaux
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