Maladie de Crohn

TNF-Kinoïde : des résultats prometteurs

Publié le 25/03/2011
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Crédit photo : PHANIE

LA MALADIE DE CROHN (mdC) est une maladie auto-immune évoluant par poussées qui se caractérise par une inflammation chronique du tube digestif et qui survient plus fréquemment chez l’adulte jeune. Son étiologie, mal connue, ferait intervenir une prédisposition génétique, des facteurs environnementaux et une modification de la flore intestinale aboutissant à une activation du système immunitaire et à une libération excessive de TNFα. Il n’existe actuellement aucun traitement curatif de cette maladie. Si les anticorps monoclonaux anti-TNFα ont représenté un pas important dans sa prise en charge, leur effet tend à diminuer avec le temps et au bout d’un an de traitement, 1 patient sur 2 seulement est encore répondeur.

Une technologie performante.

La technologie kinoïde consiste, en associant une protéine porteuse à une cytokine inactivée, à induire la production par le patient, d’anticorps polyclonaux dirigés sélectivement contre les cytokines surexprimées. Or, les anticorps polyclonaux ont un spectre d’activité plus important et induisent une réponse immunitaire de plus longue durée que les monoclonaux. De plus, produits par le sujet lui-même, ils n’induisent pas la formation d’anticorps « anti-anticorps ».

Néovacs, société de biotechnologie française, a mis au point 3 kinoïdes : le TNF-K (polyarthrite et maladie de Crohn), l’IFNα-K (lupus) et le VEGF-K (DMLA et cancer).

Dans l’étude de Phase I/II effectuée avec le TNF-K, parmi les 21 patients atteints de mdC sévère à modérée, 10 avaient déjà reçu des anti-TNFα et 11 d’autres traitements (stéroïdes, immunosuppresseurs). Les patients ont reçu 3 fois : 60, 180 ou 360 µg de TNF-K à J0, J7 et J28 et 4 patients ont reçu une 4ème dose de rappel à 6 mois. Après un suivi d’au moins 5 mois, l’administration de TNF-K s’est traduite par un bon profil d’innocuité et une bonne tolérance. Une réponse immunitaire satisfaisante objectivée par la production d’anticorps anti-TNF a été observée chez 17/21 patients. Une amélioration clinique (baisse de plus de 70 points de l’indice CDAI*) était obtenue chez 70% des patients et une rémission clinique (score CDAI*≤150) chez 50% des patients. Par ailleurs, le taux de calprotectine fécale qui apprécie l’inflammation intestinale, mesuré chez 10 patients, a été fortement diminué chez 7 de ces patients à la semaine 12. Enfin, les colonoscopies réalisées chez 9 patients ont montré une amélioration des lésions intestinales chez 6/9 patients. Ces résultats très encourageants, bien que préliminaires, ont justifié la mise en place d’une étude d’efficacité de phase II randomisée en double–insu contre placebo sur plus de 60 patients atteints de mdC et résistants aux anti-TNFα. Ses résultats sont attendus pour fin 2011. Les résultats d’une autre étude de phase II avec le TNF-K dans la polyarthrite rhumatoïde devraient aussi être disponibles en 2011.

Communication orale de Pierre Vandepaleliere (Neovacs®): “Phase I-II safety, immunogenicity and clinical results of TNFα-kinoïd immunotherapeutic immunization in Crohn’s disease patients ?. ECCO : Dublin 24-26 février 2011.

*CDAI (Crohn’s Disease Activity Index) : indice composé de 8 critères cliniques (nombre de selles, douleurs abdominales, sang dans les selles…). Il permet d’évaluer le degré de sévérité de la maladie de Crohn et varie entre 0 et 600.

 YVONNE EVRARD

Source : Le Quotidien du Médecin: 8931