Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) se prêtent bien à la e-santé. De fait, elles nécessitent un suivi très régulier. « Or, ce type de suivi n'est pas compatible avec la médecine classique. En effet, la surveillance accrue du patient implique davantage de consultations pour le médecin et de nombreux déplacements pour le patient. Cela peut être difficile, voire dissuasif, quand la personne est peu mobile, réside loin de l'établissement de santé ou a un emploi du temps chargé », souligne le Dr Guillaume Bonnaud, hépatogastroentérologue à la clinique Ambroise Paré (Toulouse) et cofondateur de la plateforme de médecine intégrative Livodoc.com. Le télésuivi peut être un outil efficace pour la personne atteinte de MICI, comme pour le médecin qui souhaite suivre de près les indicateurs de santé de sa patientèle. « L'outil idéal de télésuivi n'existant pas, des plateformes, dédiées aux MICI, ont été mises en place. Elles permettent de connecter le patient à l'équipe soignante, explique le Dr Bonnaud. L'objectif est de permettre à des infirmières, formées aux MICI, de servir de filtre via une délégation de tâches. Celles-ci peuvent, par le biais de ces plateformes, répondre à certaines questions des patients et les aiguiller vers le médecin lorsque cela s'avère nécessaire ».
Vers une médecine intégrative
Les MICI se soignent de mieux en mieux, avec des traitements de plus en plus efficaces. Mais ces derniers n’ont pas une efficacité anti-inflammatoire suffisante. Par ailleurs, ils ne permettent pas aux malades de retrouver une vie normale. « La qualité de vie des patients est souvent altérée, relève le Dr Bonnaud. Certains facteurs peuvent être associés aux MICI : alimentation déséquilibrée, stress, fatigue, manque d'activité physique, troubles émotionnels… Ces maladies nécessitent une prise en charge globale, dite « holistique », fondée sur une médecine intégrative. Aujourd'hui, certaines plateformes numériques contribuent à ce type d'accompagnement, en proposant au patient : une aide nutritionnelle, la mise en place d’une activité physique, ou de diminuer son niveau de stress ». Ces interventions non médicamenteuses sont précieuses pour les patients. « En consultation, les médecins n'ont pas toujours le temps d'informer et d'aider les patients à modifier leur mode de vie de façon individualisée. Certains outils connectés (balances, podomètres, montres…) peuvent être utiles, en offrant la possibilité de vérifier le nombre de pas effectués chaque jour, le rythme cardiaque lors de l’effort, le poids, la qualité du sommeil… », assure le Dr Bonnaud.
Mieux comprendre les MICI
Pour une prise en charge optimale des MICI, les patients ont besoin d'une médecine personnalisée. Les « big data », ces multiples données disponibles grâce au développement des nouvelles technologies, sont indispensables. Les médecins doivent accepter de prendre le temps d'intégrer les données concernant leurs patients dans les outils dédiés au big data. De leur côté, les patients doivent également adhérer à ce type de programmes. « L'utilisation des big data est incontournable si l'on souhaite mieux comprendre les causes de survenue et de pérennisation des MICI, ainsi que personnaliser la stratégie de prise en charge », affirme le Dr Bonnaud.
Donner du sens aux nouvelles technologies
De façon plus globale, les outils de e-santé doivent permettre d'augmenter le lien entre le médecin et le patient, et d'améliorer le soin. « Or, aujourd'hui, leur utilisation reste trop chronophage et vide de sens pour les médecins. À l'avenir, le défi serait de les optimiser, de les mettre au service du soin afin qu'ils soient vecteurs de sens », confie le Dr Bonnaud. De fait, les outils numériques ne remplaceront jamais la médecine classique : ils devront s'y intégrer, lui apporter une valeur ajoutée. « Enfin, le paiement à l'acte ne permettra pas d'étendre leur utilisation auprès des médecins. Il faudra réfléchir, sans tarder, à de nouveaux modes de financements », conclut le Dr Bonnaud.
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