Herborisons un brin

Romarin : des vertus digestive, anti-inflammatoire... et anti-« burn out »

Publié le 03/08/2015

Crédit photo : PHANIE

Le romarin (Rosmarinus officinalis) est une plante aromatique traditionnellement utilisée dans de multiples situations, certaines d’entre elles étant encore tout à fait pertinentes. Stimulante pour l’organisme, elle est également antiseptique par ses huiles essentielles (intérêt dans les affections O.R.L. et bronchiques sous forme notamment d’inhalation) ; quant à son usage traditionnel, il concernait surtout la sphère digestive, l’amélioration fonctionnelle digestive étant notamment liée à l’augmentation de la sécrétion biliaire.

Partie utilisée

Fleurs, feuilles

Principaux constituants

Flavonoïdes (diosmétine), acides phénols (acide rosmarinique), diterpènes (acide carnosolique, carnosol), phytostérols ; cinéol, camphre et verbénone dans l’huile essentielle.

En usage traditionnel

– En cas de fatigue passagère hivernale ou post-convalescence

Tisane :
Romarin……………………… 50 g
Une pincée à 3 doigts de romarin pour un bol (250 ml) d’eau, porter à frémissement, laisser infuser 5 à 10 minutes, filtrer et boire 2 bols par jour (possibilité de préparer ce breuvage sur 2 jours).

– Dans les affections ORL et bronchiques bénignes ou comme traitement adjuvant
En inhalation : une pincée de feuille de romarin et d’eucalyptus (Eucalyptus globulus) dans un bol d’eau bouillante (idéalement dans un petit inhalateur acheté en pharmacie), à respirer environ 10 minutes.
En huiles essentielles (HE) : mettre 2 gouttes d’HE de romarin et 2 gouttes d’HE de ravintsara (Cinnamomum camphora) directement dans un bol d’eau bouillante. Conseiller de respirer également 10 minutes.

– Pour améliorer la digestion

Tisane :
– Romarin ……………………. 40 g
– Boldo (Peumus boldus)…… 30 g
Une pincée du mélange de plantes pour une tasse (200 ml) d’eau, porter à frémissement, laisser infuser 10 minutes, filtrer et boire 2 tasses par jour après le repas.

Ce que nos confrères préconisaient autrefois

Cette plante était conseillée dans les « dyspepsies atoniques », c’est-à-dire dans les convalescences de maladies ou en cas de surmenage physique ou intellectuel, que l’on qualifierait volontiers aujourd’hui de « burn out ». L’action cholérétique était bien identifiée et cette plante était proposée en cas de cholécystites chronique, d’ascite modérée, voire de cirrhose. Avant c’était l’Eau de la Reine de Hongrie qui faisait fureur pour sa supposée action anti-âge !

Contre-indication et précautions d’emploi

Grande prudence d’utilisation des huiles essentielles, même par voie externe, et contre-indication d’utilisation chez la femme enceinte et le jeune enfant.

Voies de recherche

– Action anti-inflammatoire

L’acide rosmarinique composé polyphénolique du Rosmarinus officinalis a des propriétés anti-inflammatoires. En effet, expérimentalement (1), il a réduit des œdèmes induits chez le rat et il a été observé un effet dose-réponse. Des perspectives thérapeutiques sont ainsi ouvertes pour de nombreux processus inflammatoires humains, essentiellement articulaires.

– Action de prévention, notamment contre le cancer de la prostate

Le régime méditerranéen traditionnel est associé, par sa richesse en fruits et légumes, a un risque d’apparition minoré de cancer. Mais on ne s’est peut-être pas suffisamment intéressé aux effets des plantes condimentaires méditerranéennes qui accompagne cette alimentation. Plus précisément au romarin qui, par ses diterpènes (acide carnosolique et du carnosol), a une activité anti-oxydante qui semble intéressante contre les cancers. Dans une étude (2), les auteurs se sont attachés à analyser l’action des différents constituants du romarin. L’approche a ciblé de multiples voies de signalisation impliquées dans la modulation du cycle cellulaire et l’apoptose ; la conclusion de ces travaux suggère une inhibition du développement des cellules cancéreuses de la prostate.

(1) Rocha J, Eduardo-Figueira M, Barateiro A, Fernandes A, Brites D, Bronze R, Duarte C, Serra T, Pinto R, Freitas M, Fernandes E, Silva-Lima B, Mota-Filipe H, Sepodes BAnti-Inflammatory Effect of Rosmarinic Acid and an Extract of Rosmarinus officinalis in Rat Models of Local and Systemic Inflammation. Basic Clin Pharmacol Toxicol. 2014 Oct 6.
(2) Petiwala SM, Puthenveetil AG, Johnson JJ. Polyphenols from the Mediterranean herb rosemary (Rosmarinus officinalis) for prostate cance. Front Pharmacol. 2013 Mar 25;4:29-

Voir tous les articles « Herborisons un brin »

Dr Laurent Chevallier

Source : lequotidiendumedecin.fr