TELLE MÈRE, telle fille. Et l’adage est également valable pour les vomissements de la grossesse, au moins dans leur forme la plus grave, l’hyperemesis gravidarum ou vomissements incoercibles.Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe norvégienne de Per Magnus (Oslo) a eu recours à l’analyse de registres nationaux des naissances de 1967 à 2006. L’étude était motivée par la méconnaissance de l’origine de cette pathologie. Faut-il y voir plutôt une origine génétique ou environnementale ? L’analyse de près d’un million de naissances accrédite en grande partie l’hypothèse héréditaire.
Ase Vikanes et coll se sont intéressés aux vomissements incoercibles chez les filles nées de mères en ayant elles-mêmes souffert, ainsi qu’aux conjointes d’hommes dont la mère en avait été atteinte. En tout, il s’est agi des dossiers médicaux de 544 087 femmes ayant porté une fille et de 399 777 femmes ayant eu un garçon.
La statistique montre que les filles de mère atteinte d’hyperemesis avaient un risque de 3 % de présenter le même trouble au cours de leur propre grossesse. Si la maman avait été indemne le risque pour sa fille passait à 1,1 %. Le risque est donc triplé. Quand il s’est agi des conjointes d’hommes nés de femme atteinte de la pathologie gravidique, leur risque était de 1,2 %, soit similaire à celui de la population générale.
Pour aller plus avant dans l’hypothèse génétique, l’équipe s’est aussi intéressée aux femmes nées d’une grossesse sans ces vomissements, mais dont la mère en avait été atteinte au cours d’autres gestations. Le risque s’élève alors à 3,2 % si la mère en avait eu au cours d’une grossesse antérieure et à 3,7 % pour une gestation ultérieure.
Le changement de partenaire.
Avant de tirer des conclusions de ces données brutes, les auteurs rapportent des études antérieures. Elles montrent que la survenue de ces vomissements majore leur risque de récidive de 15,2 % à la grossesse suivante. Alors qu’il est de 0,7 % dans la population générale. Une modulation est apportée par le changement de partenaire, il abaisse le risque à 10,9 %.
Autant d’éléments écrivent les auteurs qui suggèrent l’importance des facteurs génétiques. « Que le risque se transmette aux filles et non pas aux compagnes des fils montre que le génotype maternel prévaut sur le génotype fœtal. Il est cependant possible que le risque… soit causé par des facteurs environnementaux communs partagés par la mère et sa fille. Ils peuvent être nutritionnels, liés au mode de vie ou infectieux. » La moindre récidive en cas de changement de partenaire, enfin, suggère également le rôle de gènes fœtaux, mais les facteurs environnementaux peuvent aussi être modifiés en changeant de partenaire…
Les vomissements incoercibles se définissent par des nausées et vomissements sévères commençant avant la 22e semaine de gestation. Ils peuvent conduire à des carences nutritionnelles et une perte de mois. Survenant dans 0,5 à 2 % des grossesses, ils peuvent entraîner un petit poids de naissance ou une prématurité.
British Medical Journal, 2010;340:c2050.
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