Il y a dans un corps humain dix fois plus de bactéries que de cellules humaines. Les chercheurs n’hésitent plus à parler de véritable organe, avec ses fonctions et dysfonctions associées, et ses mécanismes de régulation métabolique associés. « Ainsi, des études suggèrent que les bactéries intestinales dialoguent avec le cerveau (et inversement) afin d’induire certains comportements de part et d’autre », note la Pr Marie-José Butel (Paris).
La colonisation du fœtus par les bactéries commence, dans les conditions normales, au moment de la rupture des membranes et surtout lors de l’accouchement par voie basse. « Les enfants nés par césarienne ont ainsi un microbiote différent. Un certain lien a été établi entre la naissance par césarienne et un risque accru d’obésité à l’âge de trois ans : 15,7 %, contre 7,5 % chez les enfants nés par voie basse », précise la Pr Butel.
Parmi les fonctions basiques identifiées du microbiote, on peut citer la récupération de l’énergie (codigestion et augmentation de la disponibilité du substrat) et le rôle de cette flore commensale comme barrière antigénique.
Globalement, toutes les pathologies inflammatoires et/ou auto-immunes sont donc candidates à un rôle microbiotal. À côté de l’obésité, la maladie de Crohn et les diabètes de type 1 et 2 intéressent les métagénéticiens. La flambée des allergies dans les pays industrialisés a aussi été mise en rapport avec les conditions actuelles d’asepsie de l’accouchement (désinfection de la mère, antibioprophylaxie, etc.), et leur influence sur l’établissement de la flore microbienne symbiotique.
Pour en savoir plus sur le rôle du microbiote intestinal et le conjuguer en mesures diagnostiques, préventives et thérapeutiques, il faudra pouvoir continuer de travailler sur des cohortes suffisamment grandes pour avoir une bonne puissance statistique et donc, des résultats cliniques fiables (lire page suivante).
Transplantation de la flore.
Ces recherches sont toutefois prometteuses ; leur versant thérapeutique ne se limite pas à la supplémentation en pré- ou en pro-biotiques. Par exemple, la transplantation fécale a été étudiée dans des contextes de récidives d’infection à Clostridium difficile (pathogène dont il est compliqué de se débarrasser, étant donnée sa capacité de sporulation, qui lui permet d’échapper à l’action bactéricide des antibiotiques). À partir de la flore d’un proche parent en bonne santé, elle est réalisée par sonde gastrique ou par voie rectale. Cette technique donne d’excellents résultats : proches des 100 % de réussite. Or des études chez l’animal ont montré que la transplantation d’une flore pouvait faire apparaître, chez le transplanté, une pathologie existant chez le donneur, comme l’obésité... Et inversement, qu’une autre flore pouvait avoir des effets protecteurs.
Entretien avec la Pr Marie-José Butel, Université Paris Descartes, département Périnalité – Microbiologie – Médicament.
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