Le congrès de l’EASL, à Londres, a permis de mesurer le foisonnement de la recherche thérapeutique sur l’hépatite C. On sait que le sofosbuvir a été le premier à obtenir l’AMM mais l’association 3D, développée par Abbvie, devrait prochainement le rejoindre au vu des nouvelles démonstrations apportées, globalement et dans tous les sous-groupes de patients atteints par le génotype 1 (le plus fréquent en Europe et aux États-Unis), y compris sans association à la ribavirine et chez les patients présentant une cirrhose.
Des mécanismes d’action complémentaires
L’association 3D associe trois molécules dont les mécanismes d’actions sont complémentaires : une antiprotéase (ABT-450) boostée par le ritonavir, un inhibiteur de polymérase de l’ARN-NS5B (ABT-333) et un inhibiteur de NS5A (ABT-267). On sait qu’une telle association, avec addition de ribavirine donne des résultats spectaculaires à 12 semaines, comme l’ont montré les résultats globaux des études Sapphire I et II : les réponses virales maintenues à 12 semaines (SVR12) atteignant globalement plus de 96 %.
Les résultats détaillés de ces études, analysés à Londres, montrent qu’en outre les bénéfices s’observent dans tous les sous-groupes. D’abord entre les populations des deux études qui n’étaient pas équivalentes puisque Sapphire I a inclus 473 patients naïfs (n’ayant pas reçu de traitement par interféron + ribavirine) alors que Sapphire II a porté sur 297 patients en échec thérapeutique.
Le pourcentage de SVR-12 (réponse virale maintenue à 12 semaines) est respectivement de 96,2 % et 96,3 % dans ces populations. Et si l’on divise les échecs thérapeutiques en réponses nulles ou partielles et rechutes, l’efficacité est comparable dans ces sous-groupes. Enfin, le traitement est aussi efficace dans les deux sous-groupes du génotype 1 (1a et 1b) de l’HCV, génotype très majoritaire en Europe et en Amérique du Nord.
Avec ou sans ribavirine
L’étude PEARL-III répond à une autre question. Elle a inclus 419 patients naïfs et infectés par le génotype 1b. 209 patients ont reçu l’association 3D, et un placebo alors que 210 ont reçu, en plus de 3D de la ribavirine. Les SVR-12 sont identiques dans les deux groupes (99 % et 99,5 %), y compris dans des sous-groupes connus comme étant résistants au traitement (génotypes non-CC, IL28B).
Patients cirrhotiques
Enfin, l’étude Turquoise (multicentrique, randomisée, en ouvert) apporte des informations importantes chez des patients infectés par les génotypes 1a et 1b et présentant une cirrhose compensée (380 patients). La solution 3D associée à la ribavirine donne des résultats équivalents (91,8 % et 95,9 % de SVR12) que ce traitement soit administré pendant 12 ou 24 semaines. La tolérance est bonne (2 % d’arrêts de traitements pour effets indésirables) et les échappements virologiques sont rares (0,5 % à 12 semaines et 1,7 % à 24 semaines).
Un succès virologique qui ne répond cependant pas à toutes les questions : à ce stade, les lésions hépatiques peuvent-elles se stabiliser, voire régresser ? Le succès virologique modifie-t-il le risque carcinologique ?
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024