« Aujourd’hui, il y a une vraie nécessité de donner une nouvelle impulsion aux campagnes de dépistage du cancer colorectal. Il s’agit en effet du troisième cancer le plus fréquent et le deuxième le plus mortel dans notre pays. Chaque année, on recense 45 000 nouveaux cas et près de 20 000 décès. L’enjeu du dépistage est donc considérable, et on ne peut que se féliciter que les récentes péripéties juridiques autour des tests immunologiques n’aient pas entraîné la suspension de la campagne », explique le Dr Franck Devulder, président du Synmad et secrétaire général du Conseil national professionnel d’hépato gastroentérologie (CNP HGE).
Vice du consentement
Toutes les instances de la profession ont en effet éprouvé une vive inquiétude quand, en avril dernier, la cour administrative d’appel de Paris a annulé un marché conclu fin 2014 par l’Assurance-maladie pour la fourniture des kits de dépistage et l’analyse de leurs résultats. « Ce marché, qui arrive à échéance à la fin de l’année 2018, a donné lieu à un contentieux de la part de deux des candidats écartés. À la suite d’un premier rejet de leur demande par le tribunal administratif, les deux candidats se sont pourvus en appel », avait alors expliqué l’Assurance-maladie, précisant que la cour administrative d’appel avait annulé le marché car elle considérait que le choix du prestataire avait été affecté d’un « vice du consentement » lié à l’intégration de la TVA a posteriori dans le coût du marché.
Une annulation loin d’être anodine, puisqu’elle menaçait d’entraîner la suspension des actions de dépistage au 1er août. « La mobilisation de la spécialité a été très large. Le CNP HGE a tout de suite fait un communiqué pour sensibiliser le ministère de la Santé et demander un sursis à l’exécution du jugement afin d’assurer la continuité de cette campagne », indique le Dr Devulder.
De son côté, la Ligue contre le cancer avait aussi réagi en alertant sur « les conséquences graves pour la santé des citoyens » de ce retrait du marché : « Dépisté à un stade précoce, le cancer colorectal est en effet guéri dans 9 cas sur 10. Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal mis en place en 2009 est indispensable pour la préservation de la santé publique. »
Un taux de participation encore insuffisant
En juillet, tout le monde a été soulagé quand le Conseil d’État a décidé que la campagne pouvait se poursuivre. « L’Assurance-maladie va pouvoir lancer un nouvel appel d’offres, mais l’essentiel est qu’en attendant le dépistage ne soit pas interrompu, insiste le Dr Devulder en déplorant le taux de participation, encore trop faible au niveau national. On est juste au-dessus de 30 %, ce qui est insuffisant pour un dépistage qui, pour être vraiment efficace, devrait au moins atteindre la barre des 50 %. »
Le président du Synmad fonde de gros espoirs sur le prochain envoi, par la poste, du test immunologique avec un courrier de rappel pour toute personne ayant participé à au moins une des trois dernières campagnes : « C’était une demande forte de notre part. Des études ont montré qu’avec l’envoi postal du test on peut faire gagner 10 points au taux de participation. Certes, il n’est pas nécessaire d’envoyer le test à tout le monde. Il n’est pas question de l’adresser à des personnes qui, malgré plusieurs invitations, n’ont jamais participé au dépistage. Mais nous aurions aimé qu’il puisse l’être aussi à toutes les personnes qui viennent d’avoir 50 ans et qui reçoivent donc leur première invitation à participer au dépistage. Cela aurait pu être une motivation supplémentaire pour s’engager. »
D’après un entretien avec le Dr Franck Devulder, président du Synmad et secrétaire général du Conseil national professionnel d’hépato-gastroentérologie (CNP HGE).
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