NOUS SOMMES le 21 novembre 2009, sur les lieux d’un conflit militaire. Un soldat américain est touché à l’abdomen par trois balles de haute énergie. Il est rapidement transporté au Walter Reed Army Medical Center où il est opéré. On lui retire en urgence une partie de l’estomac, la vésicule biliaire, tout le duodénum, la tête du pancréas, le côlon gauche et une portion du grêle.
Lorsqu’on tente de reconstruire les structures abdominales, on constate que le pancréas restant (qui pèse 63,5 g, soit environ la moitié du pancréas total) est endommagé et relargue des enzymes pancréatiques qui s’attaquent aux structures abdominales et aux vaisseaux sanguins. Afin de prévenir perforations et hémorragies, qui pourraient être mortelles, il est décidé de retirer ce qui reste de pancréas. Celui-ci est irrigué par la solution de l’Université du Wisconsin, placé dans de la glace et envoyé à l’université de Miami. Là, on isole l’équivalent de 221 250 îlots (pureté : 40 % ; viabilité : 90 %), qui sont renvoyés au centre Walter Reed. Là, par laparotomie, les îlots sont injectés dans la veine porte du patient, afin qu’ils s’implantent dans le foie. Pendant toute la procédure, la pression portale reste normale.
Dès lors, les taux de peptide-C à l’état basal et après stimulation par un test de tolérance au glucose sont les suivants :
- 0,5 ng/ml pour une glycémie à jeun de 0,8 g/l ;
- 3,9 ng/ml pour une glycémie à 1,84 g/l (après stimulation).
Quant aux enzymes hépatiques, elles ont atteint un pic à J3 (800 UI pour les ASAT et 900 UI pour les ALAT) et se sont normalisées à J8.
Initialement, le patient avait besoin de petites quantités d’insuline (1 à 2 unités par heure) pendant la période de nutrition parentérale totale avec 11 interventions pour la fermeture de l’abdomen. À J20, le patient reprenait une alimentation normale. À J24, l’insuline a pu être arrêtée.
« Chez ce patient, nous avons pu isoler et transplanter des cellules productrices d’insuline après un sévère traumatisme nécessitant l’ablation totale du pancréas, indiquent les auteurs. Cette procédure peut empêcher un diabète et des complications secondaires même si une petite portion de pancréas peut être sauvée. Nous avons également montré qu’il est possible d’expédier un pancréas dans un centre éloigné pour isolement et purification des îlots et de les faire revenir pour les perfuser dans les vingt-quatre heures. »
Rappelons que la transplantation d’îlots pancréatiques autologues a déjà été pratiquée avec succès après pancréatectomie pour pancréatite chronique et que les allotransplantations d’îlots ont eu des succès limités (« Diabetes Care », 2009 et « Transplantation », 1998).
Rahul Jindal, Camillo Rocordi et Craig Shriver, New England Journal of Medicine du 22 avril 2010, p. 1550.
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