Facebook, Instagram, Twitter, Snapchat, YouTube… Ces dernières années, les réseaux sociaux ont pris une place considérable dans la vie de tous. Que l'on soit à table, en vacances ou au sport, à toute heure, il est aujourd'hui banal d'envoyer des photos de soi, de se soumettre à l'opinion des autres en espérant gagner des « followers », obtenir des « likes », faire grimper le nombre de vues. Des pratiques qui sont très fréquentes à l'adolescence. « Cette partie de la vie de nos patientes ne peut plus être ignorée et il est important de s'enquérir de renseignements sur leur vie virtuelle (Qui suivent-elles ? Postent-elles des photos ? Sur quels sites surfent-elles ?), explique la Dr Dominique-Adèle Cassuto, spécialiste de la nutrition des adolescents (La Pitié-Salpêtrière, Paris). Dans le processus d'acceptation de l'image corporelle, l'environnement joue un rôle d'influence et les images du corps véhiculées sur le Net ne sont pas sans conséquences. En outre, en pleine construction de leur identité, les jeunes y sont particulièrement sensibles. »
Photos retouchées
Afin de cerner au mieux les préoccupations de ses patientes, la Dr Cassuto s'est plongée dans les méandres de cet univers parfois cruel, très codifié et source potentielle de troubles alimentaires et/ou psychologiques chez les adolescentes. « Lorsque l'on regarde "l'actualité" de nos "amis" sur les réseaux, on peut avoir l'impression que l'on passe à côté de nos vies et ressentir une grande frustration, raconte-t-elle. Ce syndrome porte désormais un nom : le Fomo, de l'anglais "fear of missing out" (peur de manquer quelque chose). » La comparaison aux autres, en permanence, est ainsi loin d'être anodine. « Les jeunes s'observent entre amis, mais ils se comparent aussi aux stars les plus suivies et aux mannequins. Dans ce contexte, nous devons impérativement les alerter sur le fait que les photos sont retouchées et que le soi-disant naturel est souvent le fruit d'un montage. En effet, le sentiment de mal-être est d'autant plus redoutable que la mise en scène n'est pas perçue », ajoute-t-elle.
Tendance Fitspiration
Outre les « vraies » stars, il existe aussi ce que l'on appelle les Fitgirls – des Youtubeuses qui vont « vendre du rêve » par leur physique, leur plastique et par leur cote de popularité –, qui s'inscrivent dans la tendance Fitspiration. « Ces jeunes femmes sont officiellement des non professionnelles qui montrent des photos de corps parfait, stars d'Instagram à temps plein, prônant un mode de vie réellement extrême, rempli d'activités sportives et de fruits et légumes, détaille la Dr Cassuto. Mais n'oublions pas que leur profit va varier en fonction du nombre de like et d'abonnés qu'elles collectent, en vendant une image inatteignable pour beaucoup de patientes. » Or, cette tendance regroupe aujourd'hui plus de 35 millions de publications sur Instagram.
Body positive
« Dans ces conditions, comment ne pas se déprécier ? interroge la Dr Cassuto. Récemment, une étude a montré que les utilisatrices de Facebook sont plus insatisfaites de leur corps et ont plus de désordres alimentaires ; celles qui scrutent les photos des autres profils sont plus préoccupées par leur silhouette et veulent plus que les autres être minces ; enfin, le mal-être engendré peut mener à un trouble du comportement alimentaire ou à une boulimie. »
« Mais sur les réseaux sociaux, la résistance s'organise et de plus en plus de personnes – en grande majorité de femmes – n'hésitent plus à montrer leurs imperfections pour exercer un contre-pouvoir aux diktats de la mode et de la minceur : c'est la mouvance Body positive, tempère la spécialiste. Notre rôle est d'aider nos patientes à cultiver de la bienveillance à l'égard de leur corps : incitons-les à se désintoxiquer des réseaux sociaux, si elles se rendent comptent que cela leur porte préjudice, ou à se tourner vers le mouvement Body positive. »
D'après la présentation de la Dr Dominique-Adèle Cassuto, aux journées de nutrition pratique Dietecom, 6 juin 2019
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