Au fil du temps, avec l’évolution du diabète de type 2 (DT2), un nombre important de patients aura recours à l’insuline. Cependant, l’instauration de ce traitement est souvent retardée, du fait d’un certain nombre de réticences. Parmi celles-ci, figure clairement la crainte d’une prise de poids en particulier chez les patients obèses. Si les études cliniques retrouvent une prise de poids significative chez les patients traités par insuline, pour autant son importance à l’initiation de l’insuline n’a pas à ce jour été analysée en fonction du niveau d’adiposité de départ.
Analyse de plus de 150 000 patients diabétiques
L’objectif de cette vaste étude de cohorte longitudinale rétrospective, était d’évaluer chez des patients DT2 à l’initiation de l’insuline en fonction de l’IMC initial, l’évolution à 2 ans du poids, du contrôle glycémique en relation avec le changement de poids et du gain pondéral associé à une amélioration de l’HbA1c. L’analyse a été conduite aux États-Unis à partir d’une base de données de 155 917 patients présentant un DT2, qui avaient démarré un traitement par insuline entre 1995 à 2015 et l’avaient poursuivi au moins 6 mois (=cohorte principale), au moins 12 mois (sous-cohorte 1, n = 151 220), ou au moins 24 mois (sous-cohorte 2, n = 144 857). Dans ces 3 populations, les patients ont été classés en 5 catégories, suivant leur IMC. La répartition des patients dans ces 5 catégories était comparable.
Une perte de poids chez les patients obèses de grade 3
Si l’on considère les changements moyens de poids ajustés sur le sexe, la durée du diabète et l’utilisation de metformine/sulfamides, les auteurs ont observé que les patients avec un poids initial normal, voyaient leur poids augmenter progressivement de +2 kg, +3 kg et +3,9 kg respectivement à 6, 12 et 24 mois. À l’inverse, les patients présentant une obésité initiale de grade 3 (IMC > = 40 kg/m2), perdaient du poids à 6, 12 et 24 mois (-0,7 kg, -1,1 kg, -2,2 kg respectivement), avec des variations de poids intermédiaires pour les stades d’obésité intermédiaires. Quant à la proportion de patients prenant au moins 5 kg, elle augmentait plus dans le groupe BMI normal que dans le groupe avec obésité stade 3. Cette proportion de patients était de 13 % à 6 mois, 28 % à 1 an et 37 % à 24 mois. Quels que soient le niveau d’IMC initial et le moment de l’évaluation (6, 12 ou 24 mois), tous les patients ont perdu au moins 1 % d’HbA1c en moyenne. Une réduction d’HbA1c de 1 % était associée à une prise de poids moindre au fur et à mesure que l’IMC augmentait : de +0,6 à 1,2 kg chez les sujets de poids normal, de +0,1 à 0,5 kg chez ceux avec obésité grade 1 et 2. Seuls les patients les plus obèses (grade 3) ne prenaient pas de poids.
Cette étude en vie réelle ciblant l’initiation d’un traitement par insuline, montre que 2 ans plus tard :
1. la prise de poids associée au traitement insulinique était plus modeste chez les patients obèses que chez ceux de poids normal ;
2. le contrôle glycémique était similaire parmi les patients, quel que soit le niveau d’IMC ;
3. la prise de poids associée à une diminution de 1 % de l’HbA1c s’amenuisait au fur et à mesure que l’IMC initial augmentait.
Ainsi, parmi les patients obèses avec un DT2, des améliorations significatives du contrôle glycémique sont obtenues au prix d’augmentations modestes du poids. La prise de poids était significativement plus réduite chez les patients DT2 obèses que chez ceux de poids normal. De quoi balayer certains préjugés…
D’après la présentation du Dr Paul (Australie)
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