Une méta-analyse sur les GLP1 en « vraie vie »

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Publié le 13/05/2025
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Quel est l’apport des arGLP1 en pratique clinique ? Si la tolérance est équivalente à ce qui était suggéré dans les essais, l’efficacité est moindre, avec comme déterminant clé, la faible observance. De quoi relancer la question des bénéfices médicoéconomiques, face à des promesses de long terme, de protection cardiorénale notamment.

Crédit photo : Levine-Roberts/Sipa USA/SIPA

Devenus des agents clés de la gestion du poids, les arGLP1 se sont imposés, du fait de leur forte efficacité lors d’essais contrôlés randomisés (RCP). Les études de leurs effets chez les populations obèses, en situation réelle, commencent à être plus disponibles. Cette revue narrative les examine (1) : efficacité clinique et comparative, en vraie vie, ainsi que les effets indésirables des arGLP1 approuvées, soit liraglutide, sémaglutide et tirzépatide.

Moins d’amaigrissement

La perte de poids observée en pratique clinique est globalement inférieure à celle observée dans les RCP ; cependant, les résultats se rapprochent de ceux observés dans les RCP lorsqu’ils se concentrent sur les patients très observants. En effet, les études en vraie vie montrent des taux élevés d’arrêt du traitement par arGLP1 (20 à 50 %) au cours de la première année, et l’utilisation de doses bien inférieures à celles évaluées dans les essais RCP.

Autant d’effets digestifs

Côté effets indésirables, les études observationnelles menées chez des sujets avec DT2 ou obésité retiennent des troubles gastro-intestinaux fréquents, comme observé lors des essais RCP, sans augmentation nette du risque d’événements graves comme les pancréatites ou le cancer du pancréas, les troubles thyroïdiens, dépression et automutilations.

Des données supplémentaires sont nécessaires pour comprendre les liens possibles entre arGLP1 et certaines atteintes oculaires et d’autres complications rares.

Les auteurs proposent des axes de recherche, notamment pour une meilleure compréhension des facteurs d’arrêt précoce et de sous-dosage, et par ailleurs des études de rentabilité clinique et économique pour des résultats cliniques tangibles : cardio-néphro-métaboliques, mais aussi liées à l’obésité, neuropsychiatriques, concernant le risque de cancer, de maladies musculosquelettiques et d’infections.

La question clé de l’observance

Cette première méta-analyse sur les effets des arGLP1 en vraie vie vient confirmer ce que nous n’avons cessé de rapporter dans nos analyses d’articles précédentes : une efficacité nettement plus faible en vraie vie que dans les essais RCP sur les paramètres clés : poids surtout, HbA1c un peu moins, avec autant d’effets digestifs.

L’observance est indéniablement la cause principale de ces différences et la tolérance digestive, mais ce lien n’a pas été encore été assez exploré. La notion de bon/mauvais répondeur, et aussi selon de réponse selon le genre, l’ethnie, ou autres, sont peu abordés.
Cela est d’importance, au moment où on n’échappe pas à la promotion massive de ces nouveaux traitements, plus spectaculaires en RCP que dans l’usage médical standard. Et, j’insiste : seule la persistance plusieurs années sous arGLP1 permet d’espérer réduire le risque métabolique, CV et rénal, voire de cancer de nos patients.

(1) Thomsen RW et al. Real-world evidence on the utilization, clinical and comparative effectiveness, and adverse effects of newer arGLP1-based weight-loss therapies. Diabetes Obes Metab. 2025 Apr 8

Pr Serge Halimi, Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes

Source : lequotidiendumedecin.fr