C’est par une approche multidisciplinaire de proximité qu’on peut agir le plus efficacement pour prévenir ou prendre en charge les problèmes de surpoids ou d’obésité chez les enfants et les adolescents. Cette conviction anime les neuf réseaux de prévention et de prise en charge de l'obésité pédiatrique (RéPPOP) existant en France (1). Ils sont réunis dans une coordination nationale, présidée par la Pr Maïté Tauber, pédiatre endocrinologue et chef du pôle enfants du CHU de Toulouse. « Le but est de proposer une prise en charge de proximité et multidisciplinaire, réunissant les professionnels de santé de ville, les hospitaliers, les médecins et infirmiers scolaires, les médecins des PMI et des crèches, en lien avec l’équipe de coordination du réseau », explique la Dr Hélène Thibault, coordinatrice du RePPOP d’Aquitaine et pédiatre au CHU de Bordeaux.
75 % d’enfants diminuent leur corpulence
Au sein de ce réseau, ouvert aux enfants et adolescents en surpoids ou obèses d'Aquitaine, la prise en charge proposée est de 2 ans. En 2016, le réseau RéPPOP Aquitaine a publié, sous la responsabilité de la Dr Hélène Thibault, une étude dans la revue Acta Paediatrica portant sur les 982 premiers enfants et adolescents pris en charge entre 2006 et 2010. « Si nous avons pu faire ce travail, c’est d’abord parce que notre réseau comporte un bon dossier médical informatisé partagé, que les médecins tiennent à jour de manière régulière. Les données recueillies nous ont permis de montrer que, entre le début et la fin de la prise en charge, 75 % des enfants avaient diminué leur corpulence, évaluée par le score d’Indice de masse corporelle (IMC) [qui permet de comparer des enfants d’âge et de sexe différent]. Parmi les facteurs associés à un meilleur résultat, cette étude retrouvait la pratique d’un sport en club à l’entrée de la prise en charge et la longueur du suivi. Plus long est le suivi, meilleur est le résultat. Dans ce travail, c’est entre 5 et 15 ans que l’on obtient meilleurs résultats. Avant 5 ans, il s’agit souvent de situations sévères et complexes et après 15 ans, c’est l’adolescence…, explique-t-elle. Parmi les facteurs moins favorables, on peut citer le fait d’avoir au moins un parent en surpoids ou obèse ainsi que l’existence de difficultés scolaires ».
exergue : Plus long est le suivi, meilleur est le résultat
7 000 enfants analysés en France
Après la publication de ces résultats en Aquitaine, la coordination nationale des RéPPOP a souhaité réaliser une étude des données de l’ensemble du réseau. « Ainsi, chaque réseau RéPPOP (1) nous a transmis les données de corpulence disponibles pour les enfants au début et à la fin de la prise en charge, ce qui nous a permis d’analyser des données de résultat de près de 7 000 enfants », explique la Dr Thibault, qui a présenté les premiers résultats partiels de cette étude lors du congrès de la SFP à Marseille. « Cela nous a permis de confirmer que, comme dans le travail du RéPPOP Aquitaine, près des trois quarts des enfants pris en charge diminuait leur corpulence. Le principal enseignement porte sur l’efficacité et la grande homogénéité des résultats obtenus dans l’ensemble des réseaux. Un travail complémentaire portant sur l’analyse des données à long terme, disponible pour quatre de ces réseaux, nous a aussi permis de retrouver une poursuite de la diminution de corpulence, indique la Dr Thibault. Mais on ne peut pas trop entrer dans le détail pour l’instant car nous avons le projet de soumettre nos résultats pour publication dans une revue internationale ».
D’après un entretien avec la Dr Hélène Thibault, coordinatrice du RePPOP d’Aquitaine et pédiatre au CHU de Bordeaux
(1) Midi-Pyrénées, Manche, Ile-de-France, Isère, Alsace, Franche-Comté, Lyon, Ardèche, Aquitaine
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