« L’OBSERVANCE tient essentiellement à la relation médecin-malade. Trop souvent il existe en effet un problème d’information au patient, responsable de cette mauvaise observance », explique le Pr Jean-Louis Schlienger, du service de médecine interne et de nutrition de l’hôpital Hautepierre à Strasbourg, qui ajoute « le terme d’observance, n’est pas le meilleur terme à utiliser et il faudrait plutôt parler d’alliance thérapeutique. C’est-à-dire qu’il faut que les patients soient informés, comprennent leur maladie, connaissent leur problème pour pouvoir s’approprier leur maladie. Cela n’est pas toujours simple, puisqu’au début on joue avec des concepts pour une maladie qui se traduit par des perturbations biologiques. La phase d’information est donc essentielle au début de la prise en charge ».
Au-delà du niveau de compréhension de la maladie par le malade, il y a également un problème d’alliance thérapeutique qui passe par l’adhésion au projet du médecin. Cette adhésion passe par une confiance en son médecin. Pour le Pr Schlienger, « Des liens forts, presque psycho-affectifs, sont nécessaires pour une bonne adhésion au projet thérapeutique. Trop souvent le médecin a recours à un discours convenu en mettant en avant des règles hygiéno-diététiques alors qu’il lui est nécessaire d’avoir un discours adapté en tenant compte des différents systèmes de croyance ». Si l’on considère à la fois le traitement médicamenteux et le style de vie, peu de patients sont réellement observants. La prise en charge du diabète, comme celle de toutes les maladies chroniques, est donc un challenge difficile, car le médecin soigne les risques de la maladie et fait de la prévention secondaire et primaire ; les bénéfices attendus par les médicaments et l’hygiène de vie doivent être clairement exposés.
Un émoussement réciproque.
Dans le diabète de type 1, qui, pourtant, peut présenter des incidents aigus graves, on constate également une fatigue, un émoussement réciproque (qui peut venir du patient, mais aussi du médecin). Ce constat est encore plus fréquent chez les jeunes. Chez ces adolescents mal compliants, il est important « de laisser passer la crise, de savoir être plus indulgent et surtout de rester empathique, puis de reprendre la main, tout en ne perdant pas de vue la gestion du risque ».
Enfin, ajoute le professeur Schlienger, « lorsque l’on parle d’observance, il ne faut pas oublier de parler également de l’observance du médecin, car son rôle est essentiel pour s’adapter à son patient. C’est au médecin d’instaurer un partenariat, d’être observant aux recommandations, de transmettre au patient des informations éclairées, adaptées à ce que le patient comprend. Enfin, c’est également au médecin d’instaurer un lien peut-être moins distendu que celui qui semble exister aujourd’hui. En résumé, une éducation est nécessaire pour le patient, mais également pour le médecin ».
Propos recueillis auprès du Pr Jean-Louis Schlienger (hôpital Hautepierre, Strasbourg)
Pr Jean-Louis Schlienger : pas de conflits d’intérêt.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024