DANS SA PRATIQUE quotidienne, l’endocrinologue est confronté aux cancers endocrines, parmi lesquels trois formes graves que sont le carcinome anaplasique de la thyroïde, le carcinome neuroendocrine peu différencié et le corticosurrénalome malin. « Ces trois tumeurs, outre leur gravité, partagent leur rareté et on a longtemps cru qu’il était impossible de mettre en place des études randomisées pour définir des standards thérapeutiques », rappelle le Dr Éric Baudin.
Le corticosurrénalome est une tumeur rare - son incidence est estimée entre 1 et 2 cas/million d’habitants - qui se développe aux dépens du cortex surrénalien et dont la prise en charge thérapeutique repose en priorité sur la chirurgie d’exérèse.
Dans les formes non résécables, le seul standard thérapeutique était jusqu’alors le mitotane (Lysodren). Dans le numéro (XXX à préciser) de mai du New England Journal of Medicine, sont publiés les résultats de la première étude randomisée internationale de polychimiothérapie établissant un premier standard de chimiothérapie dans cette pathologie.
L’étude FIRM-ACT*, multicentrique internationale randomisée ayant inclus 304 patients, a comparé les deux lignes de polychimiothérapie ayant donné, dans deux études antérieures, les taux de réponse objective les plus élevés : mitotane/étoposide/doxorubicine/cisplatine (MEDP) versus mitotane/streptozotocine (MS).
Des centres experts regroupés en réseaux.
« Ces résultats montrent qu’il est possible de faire une étude randomisée dans une pathologie ayant une incidence aussi rare que le corticosurrénalome. Cet effort majeur a été rendu possible grâce à la motivation de centres experts européens, regroupés au sein de réseaux nationaux et internationaux, dont le réseau INCa-COMETE (Institut national du cancer - COrtico-MEdullo Tumeurs Endocrines) en France, ce qui prouve l’efficacité de cette structure », souligne le Dr Éric Baudin.
Sur le plan scientifique, l’étude FIRM-ACT démontre le bénéfice cliniquement significatif de l’association MEDP versus MS, avec une survie globale passant de 12 mois à 14,8 mois avec la meilleure association.
L’association MEDP, comparativement à l’association MS, apporte un bénéfice statistiquement significatif sur la survie sans progression (cinq mois versus deux mois) et sur le taux de réponse objective (23 % versus 9 %).
Les taux de complications ont été comparables dans les deux groupes.
L’étude n’a pas permis de mettre en évidence de facteurs prédictifs de réponse.
Association MEDP.
L’étude FIRM-ACT permet ainsi d’établir un premier standard de chimiothérapie dans le corticosurrénalome malin : l’association MEDP. Mais des progrès restent à accomplir, comme l’atteste la médiane de survie globale des patients, de douze à quinze mois. Cette première étude doit permettre d’envisager d’autres collaborations de ce type pour évaluer des drogues innovantes.
En termes de nouvelles approches thérapeutiques, les résultats de l’étude OSI 906, deuxième étude de phase III internationale dans le corticosurrénalome malin, évaluant, versus placebo, un inhibiteur du récepteur de l’IGF1, sont attendus.
« Enfin, tout comme la recherche de nouvelles cibles thérapeutiques, l’optimisation de ce nouveau standard constitue une voie de recherches futures », conclut le Dr Baudin.
D’après un entretien avec le Dr Éric Baudin, Institut de cancérologie Gustave Roussy, Villejuif.
* First International Randomized trial in locally Advanced and Metastatic Adrenocortical Carcinoma Treatment.
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