UN PANCRÉAS artificiel combine le monitoring du glucose en continu (CGM) et l’administration d’insuline avec une pompe. Reliant les deux, un programme informatique complexe permet d’automatiser la quantité d’insuline à délivrer et le moment où l’injection est nécessaire. Si les capteurs permettant le monitoring du glucose en continu et les pompes à insuline sont actuellement disponibles, des essais sont encore en cours pour tester différents niveaux d’automatisation, des programmes informatiques multiples et différentes situations de la vie réelle : lors de petits et gros repas, pendant la nuit et pendant des exercices.
Des résultats présentés pour la première fois par Roman Hovorka (Cambridge) montrent que des adultes DT1 peuvent utiliser le pancréas artificiel pour améliorer significativement le contrôle de la glycémie nocturne, même lors de situations critiques comme après la prise d’alcool qui augmente le risque d’hypoglycémie nocturne. Ainsi, une étude randomisée sur 12 sujets DT1 a évalué l’intérêt d’un système de contrôle du glucose en boucle fermée (CGBF) composé d’un système CGM Freestyle Navigator définissant un algorithme permettant d’ajuster le débit d’une pompe à insuline actionnée manuellement. Ce système était comparé à une administration conventionnelle d’insuline par l’intermédiaire d’une pompe sous-cutanée (IPSC). Les 12 sujets ont été soumis aux deux systèmes de manière randomisée lors de deux nuits différentes. Les jours d’étude, entre 20 h 30 et 22 h 00, les sujets adultes DT1 (HbA1c : 7,8 ± 0,7 %) prenaient un repas (100 g d’hydrates de carbone) accompagné d’un demi-litre de vin blanc à 13 %. Un bolus d’insuline était administré en même temps. Des mesures de glycémie étaient effectuées toutes les 15 minutes jusqu’à 12 h 00 le lendemain. Dans ces conditions, avec le système CGBF, les adultes DT1 ont passé 72 ± 15 % de leur temps à un niveau de glycémie satisfaisant (entre 3,9 et 8,0 mmol/l) contre 50 ± 23 % avec le système IPSC (p = 0,002). Le temps passé en hypo- et en hyperglycémie a aussi été réduit sans que la quantité d’insuline perfusée pendant la nuit ne soit modifiée. Ces auteurs ont aussi montré une amélioration de contrôle glycémique nocturne avec ce système en boucle fermée chez la femme enceinte.
Suivre la glycémie en continu.
Le monitoring des concentrations sanguines de glucose en continu représente une avancée considérable par rapport au suivi classique avec prélèvements au niveau des doigts et utilisation d’un lecteur de glycémie. Le CGM nécessite d’insérer un capteur de glucose sous la peau de l’abdomen qui donne des valeurs de glucose tissulaire à intervalles de quelques secondes. Ainsi, le CGM permet de suivre l’évolution de la glycémie pendant le jour et la nuit. « Les capteurs actuels nécessitent encore un calibrage et des vérifications manuelles pour contrôler la justesse de la mesure mais, même s’ils doivent encore être perfectionnés, ces systèmes ont montré qu’ils permettent d’abaisser l’HbA1c sans augmenter le risque d’hypoglycémies » estime William Tamborlane (Yale). En effet, des études ont montré que des adultes de plus de 25 ans utilisant le CGM couplé à une pompe à insuline ont pu réduire leur HbA1c moyenne de 7,6 à 7,1 %. Chez des enfants de 8 à 14 ans, la baisse d’HbA1c moyenne n’était que de 8 à 7,6 %, en raison, le plus souvent, d’une moins bonne observance. Cependant, lorsque l’observance est bonne, l’amélioration est aussi satisfaisante chez les enfants que chez les adultes.
Des caractéristiques psychologiques particulières.
Selon Marilyn Ritholtz (Harvard), le pancréas artificiel ne peut être utilisé par tous les sujets diabétiques. En témoigne l’étude qu’elle a effectuée et qui a permis d’identifier les caractéristiques psychologiques des patients DT1 qui ont le plus de chances d’utiliser le CGM avec succès. Le succès dans cette étude était, soit une baisse d’HbA1c de 0,5 % (pour des HbA1c au départ › 7 %), soit une diminution du nombre d’hypoglycémies (pour des HbA1c au départ < 7 %). L’analyse des résultats montre que les patients qui ont des capacités pour résoudre leurs problèmes et faire face à la frustration et la colère, ceux qui voient le CGM comme un outil pour mieux comprendre les mécanismes intervenant dans la régulation de la glycémie et ceux qui reçoivent une aide de leur conjoint ou de quelqu’un de proche, ont plus de chances d’avoir de bons résultats avec cette technique. En revanche, les sujets qui sont coléreux et impulsifs, ceux qui ne réussissent pas à synthétiser les données du CGM et ceux qui n’ont pas un bon support émotionnel ont moins de chances de tirer bénéfice de l’utilisation du CGM. Marilyn Ritholtz en conclut qu’il ne suffit pas d’être attentif à la technologie en matière de pancréas artificiel, il faut aussi apprécier quels sont les patients qui en retireront un réel bénéfice.
Symposium " The artificial Pancreas : A goal within reach ? " organisé par l’American Diabetes Association (ADA) et la Juvenile Diabetes Research Foundation (JDRF).
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