Au dernier congrès de l’ADA (American Diabetes Association) plusieurs communications ont montré l’intérêt chez les patients diabétiques d’une intervention à distance pour l’accompagnement psychosocial ou même la prévention.
Une étude rétrospective a évalué l’impact d’un programme ciblé sur chez 392 patients présentant une dépression, de l’anxiété ou un stress. Des informations leur ont été livrées à distance par téléphone ou vidéo par un médecin et un coach formés à la thérapie comportementale et cognitive. Dans 63 % des cas, le score de dépression est revenu à la normale après l’intervention. Et plus les symptômes étaient importants à l’entrée dans l’étude, plus la prise en charge a permis leur amélioration. Si cette intervention comportementale délivrée à distance s’est révélée bénéfique sur la dépression, l’angoisse et le stress, il reste à évaluer son impact sur les marqueurs du diabète (Reena L. et al, abstract 214 OR).
Dans un registre voisin, 50 vétérans américains diabétiques ont reçu des informations par téléphone sur la prise en charge de leur diabète, la gestion de leur traitement et de leur style de vie en tenant compte de leurs éventuels symptômes dépressifs. Au bout de 6 mois, la prise en charge de leur diabète a été significativement améliorée comme pouvaient en témoigner les taux d’HbA1c (Crewley M.J. et al, abstract 303 OR).
Enfin une étude randomisée et contrôlée Alive-PD a évalué un programme Internet axé sur un algorithme entièrement automatisé chez 340 patients prédiabétiques. Celui-ci fournissait à chacun un objectif hebdomadaire via le web et par mail, les messages étant renforcées par des appels téléphoniques. Les auteurs ont pu démontrer l’efficacité sur la glycémie à jeun, l’HbA1c et le poids de ce type d’intervention à faible coût. Aux États-Unis, le nombre de prédiabétiques est estimé à 86 millions de personnes.
Télésuivi et accompagnement
En France, le système Diabéo issu d’un partenariat entre le CERITD, concernant sa conception, Voluntis, un éditeur de logiciels médicaux pour la réalisation des logiciels, et Sanofi permet d’aider les patients à calculer les doses et leur apporte un soutien motivationnel pour une meilleure observance. Une application smartphone permet au patient d’ajuster simplement ses doses d’insuline en fonction de sa glycémie, son alimentation et son activité physique. Les données quotidiennes de glycémie et doses d’insuline sont enregistrées dans un carnet électronique et sont transmises régulièrement à l’équipe soignante par Internet. Un système d’alertes paramétrables permet au médecin d’intervenir de manière ciblée en cas d’anomalies (hypo- ou hyperglycémies) : 17 messages d’alerte sont définis. Un télésuivi permet aussi à un infirmier de télédiabétologie de suivre le patient entre les consultations médicales.
Une première évaluation, réalisée, entre 2007 et 2009 auprès de 180 patients, a montré l’intérêt de Diabeo dans la prise en charge des patients diabétiques mal équilibrés : baisse moyenne de 0,9 % de l’HbA1c sans augmentation du risque d’hypoglycémie et sans augmentation du temps de consultation, avec des économies réalisées (transport, absentéisme). Une seconde évaluation, Télésage, vient d’être lancée afin de valider l’intérêt médical et l’impact médicoéconomique du programme : 700 patients diabétiques sous insuline vont être suivis par 175 diabétologues hospitaliers et libéraux et 6 infirmiers en télédiabétologie pendant deux ans. Les conclusions permettront de soumettre une demande de remboursement auprès des autorités de santé.
Un service d’accompagnement est également proposé par l’assurance-maladie. Le programme Sophia, généralisé à toute la France en 2012, propose, en relais des recommandations du médecin traitant, un soutien, des informations et des conseils personnalisés. Le système auquel ont déjà adhéré 610 000 patients. Deux évaluations (2011 et 2013) avaient déjà montré un impact positif du programme. Face aux critiques récurrentes des médecins, l’assurance-maladie a confié à un prestataire indépendant – entre juin 2014 et juin 2015 – le soin de réaliser une troisième analyse médicoéconomique « en vie réelle ». La CNAM se félicite du meilleur suivi du diabète (surtout la première année) avec une meilleure progression chez les adhérents par rapport aux non adhérents du taux de réalisation d’au moins 2 dosages d’HbA1c dans l’année, du dosage de la micro-albuminurie, de l’examen du fond d’œil.
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