Obésité, cancers, maladies rares, perturbateurs endocriniens, les pathologies sous l'influence des hormones pèsent lourd sur la santé publique. À l'occasion de son congrès annuel (Milan, 21 au 24 mai), le premier en présentiel depuis la pandémie, la Société européenne d'endocrinologie annonce la création du premier « Hormone Day », un an après la publication de son livre blanc.
« La déclaration de Milan signée à l'occasion du congrès par 35 sociétés savantes appelle à intégrer l'endocrinologie dans la politique européenne de santé, explique la Pr Anne Barlier du CHU de Marseille, présidente de la Société française d'endocrinologie (SFE). Chacune est appelée à assurer le relais au niveau national et à communiquer des outils pour expliquer l'importance des hormones dans la vie des individus. La vision est souvent tronquée au sein du grand public. Les hormones, ce n'est pas que la fertilité, elles sont essentielles à toutes les étapes de la vie, pour la croissance fœtale, au moment de la naissance, dans l'enfance, mais aussi à la gestion du stress ou au sommeil. La SFE s'est aussi emparée du sujet, car il y a une méconnaissance du métier d'endocrinologue. »
L'obésité, une maladie endocrinienne chronique et récidivante
Plus de trois quarts de la population auront besoin d'un endocrinologue au cours de la vie. « L'endocrinologue, c'est un super chef d'orchestre, explique la praticienne du laboratoire de biologie moléculaire et de génétique oncologique et endocrinienne. Les hormones touchent plusieurs organes, aussi l'endocrinologue travaille en coordination avec de nombreux spécialistes, cardiologues, gastroentérologues, etc. Beaucoup de progrès ont été faits dans la prise en charge de ces maladies souvent chroniques et l'éducation thérapeutique est devenue un élément important. »
En Europe, la moitié des adultes et un tiers des enfants vivent avec un surpoids ou une obésité. « L'obésité, certes multiparamétrique, doit être reconnue comme une maladie endocrinienne chronique grave, explique la Pr Barlier. Les hormones participent aux complications endocriniennes et non endocriniennes de l'obésité et entretiennent un cercle vicieux. Le tissu adipeux n'est pas seulement un lieu de stockage des graisses, mais est une glande endocrine à part entière. » L'obésité est ainsi responsable de près de 80 % des cas de diabète dans le monde et de 55 % des hypertensions en Europe.
En oncologie, plus de 50 000 nouveaux cas de cancer de la thyroïde sont diagnostiqués chaque année, principalement chez les femmes jeunes. Concernant les tumeurs neuroendocrines, plus rares, la médiane de survie est de seulement 33 mois.
Perturbateurs endocriniens
La déclaration de Milan appelle ainsi à soutenir un mode de vie sain et abordable favorisant l'activité physique et à lutter contre les carences en hormones, en iode, en calcium et en vitamine D. Des plans nationaux (obésité, cancers, maladies rares) sont amenés à être déployés en collaboration avec l'Europe, notamment afin de réduire les inégalités d'accès aux soins dans les maladies rares, « car si en France, le système est performant, ce n'est pas le cas ailleurs », rappelle la Pr Barlier. Il existe plus de 400 maladies rares endocriniennes et plus de 30 millions de personnes sont concernées en Europe.
Alors que l'Europe lance un plan massif d'interdiction des substances chimiques toxiques par familles entières dans le cadre du Pacte vert (entre 4 000 à 7 000 substances visées), la SFE cible les perturbateurs endocriniens. Recensés au nombre de 1 500 dans l'environnement (emballages, pesticides, biocides, cosmétiques, jouets), ils peuvent contribuer à majorer l'incidence de l'obésité, des cancers endocriniens, du diabète, de problèmes thyroïdiens ou d'infertilité. « Il est nécessaire d'interdire les molécules plus toxiques et de protéger les plus faibles, femmes enceintes, nourrissons et enfants », insiste l'endocrinologue.
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