« Les liens entre le diabète gestationnel (DG) et le risque de diabète de type 2 (DT2) à long terme sont connus depuis longtemps », rappelle la Pr Anne Vambergue (service de diabétologie, CHRU de Lille). Quelques études récentes, notamment celle publiée l'an dernier par une équipe canadienne (2), avaient déjà souligné l'effet délétère du DG sur le risque cardiovasculaire (RCV) à long terme.
À partir d'une revue systématique des études observationnelles sur les liens entre le DG et le RCV publiés entre 1950 et 2018, les auteurs de cette méta-analyse ont retenu neuf études, toutes publiées au cours des six dernières années, portant sur près de 5,4 millions de femmes et plus de 100 000 événements cardiovasculaires (CV). Ces études avaient été réalisées sur des populations variées, aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en France, en Israël et en Suède.
Un risque doublé
Comparativement à celles n'ayant pas eu de DG, les femmes avec DG avaient un risque doublé d'événement cardiovasculaire (RR = 1,98 ; IC95 [1,57 – 2,50]). Les analyses en méta-régression n'ont pas retrouvé de lien entre ce surrisque et le développement d'un DT2 (p = 0,34). Ainsi, chez les femmes ayant eu un DG mais pas de DT2 au cours du suivi (qui allait de un à 25 ans selon les études) le risque d'événement CV était augmenté de 56 % (RR = 1,56 ; IC95 [1,04 – 2,32]). Et, donnée très importante, ce surrisque était surtout observé au cours des dix premières années après le DG (RR = 2,31 ; IC95 [1,57 – 3,39])… donc chez des femmes jeunes.
« Il s'agit, certes, d'études observationnelles, mais la taille de la cohorte et la constance de l'association dans les neuf études prises en compte donne de la puissance à cette méta-analyse, dont les résultats ouvrent la porte sur la prévention cardiovasculaire dans cette population », souligne la Pr Vambergue, tout en reconnaissant qu'il faudrait réaliser une étude prospective pour confirmer ces résultats.
Un parcours de soins « cœur-artères-femmes »
« Le DG constitue ainsi une fenêtre d'opportunité pour intervenir chez ces femmes qui ont un RCV accru, et pour lesquelles notre discours sur le risque ultérieur de diabète de type 2, peu concret, reste peu entendu, note le Pr Vambergue. On sait que les femmes sont souvent moins bien suivies et moins bien dépistées que les hommes sur le plan cardiovasculaire, et nous devons réfléchir aux moyens d'organiser un suivi à long terme, à l'image du parcours de soins "coeur-artères-femmes", mis en place à Lille par la Pr Claire Mounier-Vehier. Ceci est d'autant plus important que d'autres données, sur de petites séries, soulignent que les femmes ayant eu un DG auraient également un risque accru de pathologie rénale ».
Entretien avec la Pr Anne Vambergue, sevice de diabétologie, CHRU de Lille
(1) Kramer CK et al. Gestational diabetes and the risk of cardiovascular disease in women: a systematic review and meta-analysis. 2019 Jun;62(6):905-14. doi: 10.1007/s00125-019-4840-2.
(2) McKenzie-Sampson S et al. Acta Diabetol. Gestational diabetes and risk of cardiovascular disease up to 25 years after pregnancy: a retrospective cohort study. Acta Diabetol. 2018 Apr;55(4):315-22. doi: 10.1007/s00592-017-1099-2. Epub 2018 Jan 11.2018
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