Les programmes de télésurveillance du diabète vont désormais pouvoir compter sur un financement de l’Assurance-maladie. Leur principe est simple : la télésurveillance devrait permettre à un professionnel de santé incluant ou suivant un patient, d'interpréter à distance des données nécessaires à son suivi médical et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à sa prise en charge, luttant ainsi contre l’inobservance et l’inertie thérapeutique.
Un programme d’accompagnement thérapeutique est obligatoire, généralement réalisé par un infirmier. Le décret cerne les patients éligibles à un projet de télésurveillance. Ceux-ci doivent présenter un diabète de type 1 (DT1) déséquilibrés, avec une HbA1c ≥ 8 % à deux reprises espacées de 6 mois, en dépit d’une insulinothérapie (> 6 mois). Le diabétique de type 2 est bien sûr concerné, sous insuline, diagnostiqué depuis plus de 12 mois et déséquilibrés (HbA1c≥ 9 %). Pour chaque maillon de la chaîne de télésurveillance un financement est fixé : 110 euros par patient et par semestre destinés au professionnel de santé ou à la structure proposant au patient d’entrer dans un programme de télémédecine, 60 euros par patient et par semestre pour le professionnel réalisant l’accompagnement thérapeutique et, pour le prestataire de service, 300 euros par patient diabétique de type 2 (mono injection) et 375 euros pour type 1 ou 2 (plus d'une injection par jour). Plusieurs projets sont en bonne position pour ces expérimentations, dont l’application d'accompagnement personnalisée Diabéo, évalué dans le cadre d’une expérimentation clinique depuis 2011 et dont la parution des résultats est attendue dans les prochaines semaines. Ce sera aussi le cas d’un autre projet bien avancé - Mydiabby dans le diabète gestationnel- ainsi que le futur pancréas artificiel Diabeloop. La plateforme myDiabby offre un panel d’outils de télésuivi à la femme enceinte diabétique de type 1 et 2. 10 000 patientes (12 000 actes de télésurveillance par mois), ont déjà été suivies en France. L’étude BIRTH-GDM permettra de valoriser l’acte de télémédecine.
L’arrivée du pancréas artificiel est imminente
Un premier système agréé par la Food and Drug Administration (FDA) a été commercialisé cette année aux États-Unis (Medtronic 670G). Au total, plus d'une dizaine de systèmes sont en développement. La boucle fermée Diabeloop, mis au point en France n’est pas en reste et a lancé à la mi-2017 une étude clinique sur 60 patients en vue d'obtenir le marquage communauté européenne (CE), espéré début 2018. Il s’agit d’un système de boucle fermée avec un algorithme de contrôle glycémique prédictif renforcé par un système expert, incorporé dans un smartphone de type Android, qui est lui-même lié à un capteur de mesure continue de glucose Dexcom et à une pompe-patch à insuline Cellnovo. Le tout connecté par Bluetooth. L'étude sur trois jours présentée début 2017 avait été concluante (1) : chez l’adulte, dans des situations cliniques variées (repas gastronomiques, sport intense etc.) jusqu'alors difficiles à gérer avec les systèmes de boucle fermée, Diabeloop a permis, comparativement à une pompe et un capteur, de doubler le temps passé dans la cible glycémique, de réduire la glycémie moyenne et le temps passé en hypoglycémie. Une précision, il s’agit encore de boucle semi-fermée, il reste encore indispensable de renseigner les repas et calculer les bolus, même si certains systèmes participent à ce calcul de bolus.
Capteur de mesure du glucose en continu
En avril, le remboursement du Freestyle Libre - système d’autosurveillance mesurant le taux de glucose en continu (MCG) par un système flash et sans calibration- a été approuvé, réservé aux patients traités par insulinothérapie sous multi-injections ou pompe. Le bénéfice du remplacement de l’autosurveillance glycémique par un capteur, le Freestyle Libre, chez des diabétiques de type 2 insulinotraités de façon intensifiée par multi-injections a été confirmé, sur la réduction du temps passé en hypoglycémie surtout nocturne (2). Dans une autre étude, des lectures plus fréquentes du Freestyle Libre étaient associées à un meilleur contrôle de la glycémie (de 8 à 6,7 % pour l’HbA1c). Autre système, Eversense, le premier capteur implantable (dans le bras) de mesure du glucose en continu est actuellement en test dans dix centres français. Enfin, cette année est parue une position d’experts « Éducation à l'utilisation pratique et à l'interprétation de la mesure en continu du glucose », un guide concernant l’éducation du patient lors de la mise sous MCG, sous l’égide de plusieurs sociétés savantes dont la Société francophone du diabète et des associations de patient.
(1) OR 300. D'après le Pr Yves Reznik (France) lors de la 77e édition de l'American Diabetes Association (juin 2017)
(2) Diabetes Therapy Juin 2017, volume 8, Issue 3, pp 573–586
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