Un arrêté publié au Journal Officiel acte l’inscription au remboursement de Diabeloop, le dispositif de la start-up éponyme fondée par le Dr Guillaume Charpentier, diabétologue. Souvent comparé à un « pancréas artificiel », le système fonctionne en boucle semi-fermée, intégrant un capteur de glucose en continu et une pompe à insuline, couplée à un algorithme capable de délivrer la bonne posologie d’insuline. 7 300 patients pourront bénéficier de cette innovation dans les trois prochaines années, soit près de 10 % des diabétiques sous pompe à insuline. Le remboursement sera effectif fin septembre.
Pour utiliser ce dispositif médical, les patients devront être formés au préalable et accompagnés régulièrement. C'est pourquoi une convention a été signée entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et les syndicats de pharmaciens d’officine, afin de leur garantir cette prise en charge.
Une décision qui a provoqué la colère des prestataires de soins à domicile (PSAD), ces derniers souhaitant conserver le suivi des patients sous Diabeloop. En juillet, la Fédération des prestataires de santé à domicile (FEDEPSAD) considérait même le suivi par le pharmacien comme une « réduction de la qualité de service » . « Les pharmaciens n’ont pas d’expertise sur le sujet, avait alors lancé Charles-Henri Des Villettes, président de la FEDEPSAD. Diabeloop va concerner 0,3 % des patients par officine. Comment voulez-vous développer une expertise sur le domaine ? »
Logique économique
Si les officines ont été choisies par le CEPS, c’est qu’elles ont proposé une offre moins onéreuse que les PSAD pour le forfait de prise en charge des patients sous Diabeloop – incluant la formation, la vérification du bon fonctionnement du matériel ou encore le nettoyage. L’arrêté fixe par exemple le forfait de formation initiale par patient à 390,91 euros.
« Les choix du CEPS pour le déploiement du pancréas artificiel remettent en cause la sécurité de la prise en charge des patients diabétiques », ont réagi la FEDEPSAD, l’Union des prestataires de santé à domicile indépendants (UPSADI) et le Syndicat national des associations d’assistance à domicile (SNADOM). Ils regrettent une « logique d’économie ». En signe de protestation, les PSAD font savoir qu’ils « ne participeront pas au déploiement de Diabeloop. Le gouvernement et le CEPS devront assumer leurs responsabilités quant à l’échec du lancement de cette innovation de rupture ».
Les pharmaciens indignés
Des critiques qui font bondir les pharmaciens. Dans un communiqué commun, les deux syndicats représentatifs de la profession et l'association des étudiants en pharmacie se disent indignés du communiqué des prestataires « rempli de contre-vérités qui remet en cause les compétences du réseau pharmaceutique et n’évoque que des problématiques financières, bien éloignées des intérêts des patients diabétiques ». Les pharmaciens soulignent que les patients doivent garder le libre choix du professionnel qui les accompagne, ce qui est possible grâce au réseau officinal.
« Nous délivrons déjà les traitements à nos patients diabétiques, il était normal que nous puissions également les accompagner avec ce nouveau dispositif, a réagi auprès du « Quotidien » Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Ce dispositif représente une avancée très importante pour eux et très attendue. Je pense qu'un très grand nombre de pharmaciens voudront y participer ». Ces derniers pourront suivre une formation ad hoc sur le dispositif Diabeloop qui sera proposé par la start-up Timkl.
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