« MÊME si nous avons beaucoup de praticiens, on ne peut pas dire qu’il y a une organisation des soins du diabète en France. » Ainsi le Pr Serge Halimi, chef du service de diabétologie de Grenoble et président de l’ALFEDIAM (Association de langue française pour l’étude du diabète et des maladies métaboliques), a-t-il conclu son intervention lors de la journée* organisée sous l’impulsion des Dr Jean-Pierre Door, député UMP du Loiret et président du groupe d’études sur les professions de santé, et Gérard Bapt, député PS de la Haute-Garonne et vice-président du groupe d’études sur l’alimentation et la santé.
Thème de la journée, « l’épidémie silencieuse » du XXI e siècle, le diabète. L’occasion, précisément, de la rendre moins silencieuse, moins invisible. « Nous avons été facilement alertés par l’obésité, remarque Didier Houssin, directeur général de la Santé, car là, le visuel est patent, mais dans le diabète, c’est plus difficile à cerner de façon simple, d’autant que (s’agissant du type 2), la pathologie évolue dans tout un continuum. » « La dépense par personne pourrait croître de 40 %, a averti le Dr Door, ce qui doit nous inciter à valoriser la prise en charge et l’éducation thérapeutique. »
Place aux paramédicaux
En 2001, le département des maladies chroniques et des traumatismes de l’InVS (Institut national de veille sanitaire) a mis en uvre un programme de surveillance du diabète. Le Dr Anne Fagot-Campagna, épidémiologiste, en est la responsable. « On retrouve les mêmes déterminants que dans le diabète quand on étudie l’obésité », relève-t-elle. Pour elle aussi, le système d’organisation des soins du diabète est clairement insatisfaisant. « Parce qu’on manque de coordination entre les différents acteurs, et ce surtout pour le patient diabétique de type 2, qui n’est pas assez souvent intégré dans un réseau hospitalier. Le médecin qui suit leur diabète, c’est généralement le généraliste. Or, les généralistes manquent de temps. Lors d’une consultation, la question du diabète vient probablement à la fin de la liste des différents problèmes abordés, en tout cas il n’est pas forcément la priorité. » Pourtant les messages de prévention (pour une alimentation équilibrée, une activité physique régulière…) s’adressent essentiellement aux diabétiques de type 2. « Certes. C’est assez normal puisqu’ils représentent 92 % des diabétiques. Ils en ont d’ailleurs un peu assez qu’on le leur répète… Pour les diabétiques de type 1, le gros manque est palpable surtout lors du passage de l’enfance à l’âge adulte. Le diabète de l’enfant diabétique est suivi par le pédiatre. Quand il devient adulte, la transmission à un endocrinologue ne se fait pas toujours très clairement. » L’une des solutions serait d’accorder une vraie place aux paramédicaux. « Les podologues, les psychologues, les nutritionnistes… Car ils sont souvent plus proches des patients et qu’ils sont plus à l’écoute aussi. Mais cela, à condition que leur travail soit valorisé. »
Un nouveau plan Diabète, 2009-2012, « qui définirait des priorités d’action communes », semble attendu. Mais encore faudrait-il que l’on tire les leçons du premier plan (2002-2005), qui mettait l’accent sur la prévention, le dépistage, l’éducation thérapeutique.
* Journée parrainée par le laboratoire Novo Nordisk.
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