DEPUIS une quarantaine d’années, la consommation d’aliments transformés riches en sucres et de boissons sucrées – sodas, jus de fruits, nectars, boissons aromatisées plates ou gazeuses, boissons « light » - a considérablement augmenté, tandis que le surpoids, l’obésité et la fréquence des maladies cardio-métaboliques augmentait elle aussi.
Selon une étude de l’Inca, les boissons sucrées représentent environ 20 % des apports hydriques quotidiens dans la population générale en France… Mais beaucoup plus chez certaines personnes. Dans la tranche d’âge 18-34 ans, la consommation moyenne est de 300 ml/jour, elle tombe à 100 ml/jours chez les 35-64 ans. « Les enfants et adolescents (surtout les garçons) et les hommes jeunes des milieux les moins favorisés sont les plus gros consommateurs. Ce sont aussi eux qui mangent le moins de fruits et légumes et de poissons, et qui s’éloignent donc le plus des recommandations nutritionnelles du PNNS », constate le Pr Jean Dallongeville (Institut Pasteur, Lille).
Un faible pouvoir rassasiant.
Il est désormais bien connu que la combinaison d’une faible consommation de fruits et légumes et d’une consommation excessive de viande grasse et d’aliments raffinés à forte densité énergétique (riches en gras, mais aussi en sucres raffinés) est un des facteurs qui favorisent l’obésité. « Jusqu’à récemment, la consommation de calories sous forme liquide n’avait reçu que peu d’attention. Il est maintenant prouvé que les boissons sucrées ont un faible pouvoir rassasiant et qu’une consommation élevée de ces boissons n’est pas associée à une réduction compensatoire de l’apport calorique sous forme de nourriture solide. Les calories provenant des boissons sucrées (jusqu’à 450 kcal/jour dans une étude portant sur des enfants et des adolescents) s’ajoutent essentiellement à l’apport calorique quotidien. Il semblerait que les mécanismes de la faim et de la soif soient bien distincts… Même sans ajustement des habitudes alimentaires, limiter l’apport en boissons sucrées pourrait donc représenter une recommandation très simple avec d’importantes implications cliniques et de santé publique », estime le Pr Jean-Pierre Després (Laval, Québec, Canada). Il en est d’ailleurs de même pour les boissons alcoolisées (vin, bière, cidre…)
Le fructose.
Le fructose est associé par les consommateurs à la bonne santé car « sucre des fruits » - le miel en contient plus de 40 %, les fruits de 2 à 11 %. Présent dans les produits commerciaux sucrés sous forme de sirop de glucose/fructose (comme le sirop de maïs à haute teneur en fructose), il a un pouvoir sucrant un peu plus élevé que le saccharose, et présente l’avantage de supporter les cuissons longues sans modifier ses qualités. En Europe, son utilisation est soumise à des quotas, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis.
Avec un index glycémique faible, le fructose semble à première vue tout indiqué pour ceux qui doivent contrôler leur poids. Mais plusieurs méta-analyses identifient le fructose comme un important médiateur des effets délétères des boissons sucrées sur les variables du risque métabolique. « Des observations récentes suggèrent en effet que le fructose pourrait promouvoir l’accumulation de graisse intra-abdominale (viscérale) et l’accumulation de lipides dans le foie, deux phénotypes associés à un état de résistance à l’insuline et au syndrome métabolique », souligne le Pr Després.
Plusieurs études épidémiologiques indiquent que la consommation de boissons sucrées augmenterait le risque de diabète de type II. Dans une étude prospective concernant 91 249 femmes de la « Nurses’ Health Study II », suivies de 1991 à 1999, les femmes qui consommaient une boisson sucrée ou plus par jour avaient un risque relatif de DT2 de 1,83 comparé à celles qui en consommaient moins d’une par mois. L’indice de masse corporelle (IMC) n’expliquait que la moitié de l’augmentation du risque de diabète de type 2. De même, la consommation de boissons sucrées augmenterait le risque de maladie coronaire.
En pratique, il est conseillé de réduire la consommation de boissons sucrées, par exemple en diluant le jus de fruit avec de l’eau, ou mieux encore, de privilégier les fruits frais aux jus. L’eau devrait être la première source d’hydratation. Il est conseillé d’en boire au moins 1,5 litre par jour
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