LE RISQUE hypoglycémique est inhérent aux thérapeutiques ayant pour objectif d’augmenter l’insulinémie, qu’il s’agisse de l’insulinothérapie du diabète de type 1 ou du traitement du diabète de type 2.
L’hypoglycémie reste un événement fréquent et sévère chez les patients diabétiques. Elle est devenue le facteur limitant de la mise en place d’une stratégie d’insulinothérapie intensive en réanimation. L’hypoglycémie, qui est une urgence métabolique, peut entraîner des lésions cérébrales permanentes et la mort si elle n’est pas résolue. Son risque, chez les patients traités par sulfamides hypoglycémiants, a été estimé à 9 % environ.
Hospitalisation et mortalité accrue sous insuline.
Chez les patients hospitalisés, le risque accru d’hypoglycémie associé à l’insulinothérapie est préoccupant. K. G. Brodovicz et coll. ont entrepris une étude rétrospective de type cohorte afin d’évaluer les conséquences de l’hypoglycémie sur la mortalité, les événements vasculaires ischémiques et les complications neurologiques (convulsions, coma et modifications de l’état mental) chez les patients hospitalisés traités par insuline, qu’ils aient un diabète ou non. Elle a porté sur les patients hospitalisés entre 2005 et 2007 qui ont été identifiés avec la collaboration d’une grande société américaine de bases de données des dossiers médicaux électroniques, Health Facts. Les patients admis en service de soins intensifs et en hôpital général ont été inclus. En revanche, les patients hospitalisés moins de 24 heures et plus de 30 jours n’ont pas été pris en considération dans cette analyse, de même que les sujets de moins de 30 ans et ceux dont le diagnostic à l’admission était une acidocétose. Les auteurs ont évalué le risque de mortalité hospitalière, d’événement vasculaire ischémique et de complication neurologique après hypoglycémie définie par une glycémie ≤ 0,7 g/l, et une hypoglycémie sévère, définie par une glycémie ≤ 0,5 g/l.
Sur un total de 107 312 observations, une hypoglycémie a été notée chez 21 561 patients, soit 20 % des cas. Une hypoglycémie sévère est survenue chez 7 539 malades, soit 7 % de l’effectif. La mortalité hospitalière a été de 3,8 % en l’absence de tout épisode hypoglycémique, de 6,5 % en cas d’hypoglycémie et de 8 % en cas d’hypoglycémie sévère. La fréquence des événements vasculaires ischémiques et des complications neurologiques a été comparable qu’il y ait eu ou non un épisode d’hypoglycémie. L’analyse multivariée des données prenant en compte l’âge des patients, le sexe, les caractéristiques de l’hôpital et les comorbidités a montré que les hypoglycémies étaient associées à une augmentation de la mortalité hospitalière, avec un rapport des cotes (odds ratio) de 1,46 (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 1,37-1,57). Cette association est apparue encore plus nette en cas d’hypoglycémie sévère, le rapport de cotes atteignant 1,73 (IC : 1,58-1,90). En revanche, le risque d’événement vasculaire ischémique et de complication neurologique n’est pas apparu augmenté. Ainsi, selon cette étude rétrospective, l’hypoglycémie est fréquente chez les patients hospitalisés recevant de l’insuline et elle est associée à un risque accru de mortalité hospitalière, sans toutefois que le lien de causalité ne puisse être considéré comme direct.
Une association indépendante aux événements cardio-vasculaires.
Dans une deuxième étude, également rétrospective, qui a porté sur des patients non hospitalisés, S.S. Johnston et coll. ont examiné les liens entre hypoglycémie et événements cardio-vasculaires chez des diabétiques de type 2 de plus de 18 ans. Les données analysées portent sur la période 2006-2007. Les auteurs ont effectué une analyse de régression logistique multiple descendante avec ajustement pour les variables confondantes importantes, notamment l’âge, le sexe, l’origine géographique, le type d’assurance maladie, les scores de comorbidités, les facteurs de risque cardio-vasculaires, les complications du diabète et les antécédents d’accident vasculaire cérébral.
Sur les 860 845 patients analysés, 27 065 ont eu une hypoglycémie au cours de la période d’évaluation. Chez ces sujets, le rapport des cotes d’événement cardio-vasculaire a été de 1,79 (IC : 1,69-1,89) par comparativement aux malades n’ayant pas eu d’épisode d’hypoglycémie. Une autre variable indépendante mise en évidence a été l’âge supérieur ou égal à 65 ans, avec un rapport des cotes de 1,78 (IC : 1,65-1,92). Le rapport des cotes est apparu encore plus élevé pour deux variables : l’âge et les antécédents d’accident vasculaire cérébral (AVC). Pour l’âge, comparativement à la tranche d’âge des 18-34 ans, le rapport de cotes atteignait 1,78 chez les 35-44 ans et 13,25 chez les plus de 65 ans. Pour les patients ayant un antécédent d’AVC, le rapport de cotes était de 2,87 comparativement aux patients sans antécédent. Ainsi, dans cette étude, les épisodes d’hypoglycémie sont apparus indépendamment associés à un risque accru d’événement cardio-vasculaire.
D’après les communications de K. G. Brodovicz (North Wales, Pennsylvanie) et S. S. Johnston (Washington).
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