Le jeûne intermittent a gagné en popularité dans le monde entier, pour ses bienfaits potentiels pour la santé — diabète, obésité, certaines maladies neurovégétatives, épilepsie mais — son effet sur les cellules souches somatiques et la biologie tissulaire restait inconnu.
Une question pourtant cruciale, examinée dans une étude chez la souris (1), qui montre que les régimes de jeûne intermittent couramment utilisés inhibent la régénération des follicules pileux, en induisant sélectivement l’apoptose dans les cellules souches concernées (HFSC pour hair follicle stem cells). Cet effet est indépendant de la réduction calorique, des altérations du rythme circadien ou du mécanisme de détection des nutriments cellulaires mTorc1. Au lieu de cela, le jeûne active un défaut dans la transmission ou de restitution d’un signal entre les glandes surrénales et les adipocytes dermiques de la peau, déclenchant la libération rapide d’acides gras libres, ce qui à son tour perturbe le métabolisme normal des follicules pileux et élève leurs niveaux d’espèces réactives de l’oxygène cellulaire, provoquant des dommages oxydatifs et l’apoptose.
Un essai clinique randomisé (NCT05800730) indique pour sa part que le jeûne intermittent inhibe la croissance des cheveux humains.
Moins de régénération tissulaire
Cette étude révèle un effet inhibiteur du jeûne intermittent sur la régénération tissulaire et identifie une communication interorganique, qui élimine les HFSC activés et arrête la régénération tissulaire pendant les périodes d’apport nutritionnel instable.
Ces résultats illustrent les principes et les mécanismes par lesquels le jeûne intermittent influence profondément les cellules souches somatiques et la biologie tissulaire, et définissent une stratégie globale pour étudier ces effets.
Compte tenu de l’adoption généralisée de ce régime à l’échelle mondiale, il sera important à l’avenir d’évaluer en profondeur les effets de divers régimes de jeûne sur différents systèmes de cellules souches pour optimiser ces effets chez l’humain et rechercher les moyens d’atténuer leurs conséquences indésirables, tout en conservant leurs avantages.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Chen H et al. Intermittent fasting triggers interorgan communication to suppress hair follicle regeneration. Cell. 2024 Nov 26:S0092-8674(24)01311-4
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