DE NOTRE CORRESPONDANT
L’IDENTIFICATION de diverses substances (comme certains acides aminés ou le GLP1 - glucagon-like peptide-1) capables d’influencer la sécrétion de l’insuline, à côté du glucose, suggère l’existence de voies de signalisation indépendantes qui, en conjonction avec ce sucre, permettraient de régler de façon plus précise la production de l’hormone hypoglycémiante. Les chercheurs d’Orlando (États-Unis) ont voulu savoir si le fructose avait un rôle dans la potentialisation de la libération d’insuline.
L’addition de fructose (10,0 mm) à du glucose (8,3 mm), sur des îlots pancréatiques de souris, induit une augmentation de l’insulinémie, par rapport à l’administration de glucose seul, mais cet effet disparaît en présence de concentrations faibles (non stimulatrices) de glucose (3,0 mm). L’action stimulante du fructose s’exerce au travers d’une élévation du calcium intracellulaire dans la cellule bêta et elle est conditionnée par un seuil minimal de dépolarisation que seul le glucose (par la fermeture des canaux potassiques KATP) permet d’atteindre.
Récepteurs sucrés du pancréas.
Les auteurs confirment ces observations in vivo chez des souris mâles cathétérisées. L’injection de fructose en bolus I.V. (intra-veineux) induit une élévation rapide et transitoire de l’insulinémie, sauf chez les rongeurs rendus déficients en récepteur T1R2 au goût sucré. La concentration plasmatique en GLP1 n’est pas modifiée immédiatement après l’injection de fructose, ce qui suggère une action directe sur les cellules pancréatiques, au niveau des récepteurs sucrés.
Les Américains montrent ensuite que l’activation de la phospholipase C (PLC) induite par le fructose est nécessaire à l’action de potentialisation de la libération d’insuline, et qu’elle est indépendante des concentrations en glucose. Pour tenter d’éclaircir un peu plus le mécanisme de l’action du fructose, B. Tyrberg et coll. se sont intéressés à la participation des canaux cationiques TRPM5 (Transient Receptor Potential Cation Channel). Ces derniers, en effet, ont un rôle clef dans la voie de signalisation des récepteurs au goût sucré au niveau de la langue, mais il a récemment été suggéré qu’ils agissent aussi sur les canaux ioniques de l’homéostasie du glucose, dans le pancréas.
Les chercheurs ont donc imaginé la possibilité que l’activation de ces TRPM5 constitue le point de convergence entre les actions conjuguées du glucose et du fructose sur la sécrétion pancréatique d’insuline, selon le schéma suivant : à la fermeture des canaux KATP par le glucose, qui autorise la dépolarisation membranaire initiale, vient se joindre l’activation des TRPM5 qui, en induisant un influx de sodium, accentue encore la dépolarisation au niveau de la cellule bêta-pancréatique. Une nouvelle expérimentation va dans le sens de cette hypothèse : au niveau de cellules bêta de souris rendues déficientes en TRPM5, il n’y a pas d’élévation du calcium intracellulaire en présence de fructose, ce qui suggère que ces canaux sont une pièce maîtresse dans la voie de signalisation impliquant l’action synergique du fructose sur la libération d’insuline.
Effet aboli par le lactisol.
Qu’en est-il chez l’homme ? Les auteurs montrent qu’une faible concentration de fructose (3,0 mm), comparable aux taux observés en situation postprandiale, réussit à potentialiser la sécrétion d’insuline induite par le glucose sur des îlots pancréatiques humains, quand elle est couplée à une administration de 11,0 mm de glucose. Cet effet est aboli par le lactisole, un inhibiteur du récepteur sucré humain T1R3 (qui interagit avec T1R2).
Le fructose post-prandial représente donc, d’après les Américains, une voie additionnelle de régulation de l’insulinémie induite par le glucose, au travers d’un mécanisme indépendant mettant en jeu les canaux cationiques TRPM5.
B Tyrberg et coll. Sweet taste receptor signaling in beta cells mediates fructose-induced potentiation of glucose-stimulated insulin secretion. Proc Natl Acad Sci USA (2012) Publié en ligne.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024