CERTAINES ÉTUDES épidémiologiques ont indiqué que le diabète pouvait être impliqué de manière indépendante dans le développement de démences. Mais les résultats sont divergents, tout comme les protocoles des études ne sont pas uniformes (critères de définition des démences et des troubles du métabolisme du glucose). L’étude d’Hysayama, menée par des équipes Japonaises (Yutaka Kiyohara, Université de Kyushu, Fukuoka) a été menée pour répondre de manière scientifique à cette question.
« Nous avons réalisé une étude prospective de cohorte sur la démence dans une communauté japonaise en expansion. » En 1998, une population de 1 019 sujets (437 hommes et 580 femmes) de plus de 60 ans n’ayant pas de démence, a été incluse. Tous les membres ont eu un test de tolérance au glucose avec une charge de 75 g de glucose per os (TTG). Ils ont été suivis jusqu’en 2003 (10,9 ans en moyenne). Un diagnostic de démence a été recherché en utilisant les critères du DSM-III-R. Des critères validés ont été utilisés pour préciser le cas échéant les diagnostics : maladie d’Alzheimer ou démence vasculaire.
Au cours de l’étude, 232 sujets ont développé une démence (79 hommes et 153 femmes). Une autopsie cérébrale a été réalisée chez 118 d’entre eux.
Une quinzaine d’années auparavant.
Les résultats montrent qu’ « un diabète démontré une quinzaine d’années auparavant est un facteur de risque significatif du développement des démences : maladie d’Alzheimer, démence vasculaire et démences de toutes causes ».
L’étude montre que les personnes ayant un diabète ont un risque multiplié par deux de souffrir d’une démence comparativement à ceux qui ont une glycémie normale. Parmi les 150 personnes ayant un diabète, 20 ont développé une démence, comparativement aux 51 des 559 sujets non diabétiques qui ont développé une démence.
Les résultats sont restés similaires après que les chercheurs ont pris en compte des facteurs confondants tels que l’HTA, l’hypercholestérolémie et le tabagisme.
Intolérance au glucose.
Le risque de démence est également plus élevé chez les personnes qui n’ont pas un diabète franc, mais une intolérance au glucose ou un prédiabète. « De plus, l’étude montre que le risque de développer une démence augmente significativement quand la glycémie demeure élevée deux heures après un repas. »
De plus, ce qui est particulièrement significatif, c’est que le risque de développer des démences de toutes causes s’accroît progressivement avec l’élévation de la glycémie à deux heures lors du TTG.
Des mécanismes physiopathologiques pouvant expliquer cette association font l’objet de débats. Une étude récente en recense quatre voies majeures de démence induite par une hyperglycémie : artériosclérose, maladie microvasculaire, toxicité du glucose conduisant à une accumulation de protéines glyquées et à un stress oxydatif et les modifications du métabolisme de l’insuline aboutissant à une insulinorésistance et à une altération du métabolisme amyloïde dans le cerveau. Les deux premiers pouvant rendre compte d’une maladie vasculaire et les deux derniers d’un Alzheimer.
Des éléments probants sont apparus récemment pour démontrer que des facteurs vasculaires sont impliqués dans la maladie d’Alzheimer. Les auteurs indiquent aussi que « la glycémie à deux heures peut représenter un bon marqueur du stress oxydatif provoqué par l’hyperglycémie, elle est corrélée avec l’insulinorésistance ».
Un stress oxydatif augmenté et une insulinorésistance peuvent précéder l’accumulation de peptide bêta-amyloïde et de neurofibrilles et accélérer l’artériosclérose dans le cerveau, avec comme résultat un risque accru de démence vasculaire et de maladie d’Alzheimer.
Neurology, 19 septembre 2011.
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