Le diabète est impliqué dans le déclin cognitif des sujets âgés. Dans quelle mesure pourrait-il l’être dans les troubles neurocognitifs liés à l’infection VIH ? Des épidémiologistes Inserm à l’université de Bordeaux publient, avec le soutien de l’ANRS, les premiers éléments de réponse dans la revue « Neurology », à partir d’une cohorte d’Aquitaine. Les troubles de la mémoire et de la réactivité apparaissent dès le stade prédiabétique et ce quel que soit l’âge, dès la cinquantaine.
Les sujets infectés par le VIH présentent, dans 20 à 50 % des cas, des troubles neurocognitifs légers, même quand la charge virale est bien contrôlée par un traitement antirétroviral. Les causes suspectées sont multifactorielles mais restent assez mal connues : l’âge et les facteurs de risque traditionnels (niveau d’éducation, facteurs de risque vasculaires), l’infection VIH ou le traitement antirétroviral. Le diabète pourrait être l’une des explications, car sa prévalence est élevée chez les sujets VIH, de l’ordre de 5 à 10 %.
Une batterie de 10 tests cognitifs
L’équipe dirigée par le Pr Geneviève Chêne de l’unité 897 « Centre de recherche Inserm épidémiologie et biostatistique » a analysé les données de l’étude COGLOG, réalisée à partir de la cohorte ANRS CO3 Aquitaine, qui totalise près de 9 000 patients, dans 13 services hospitaliers de la région. L’étude COGLOG, menée dans 5 de ces centres, avait pour but de suivre, sur 2 ans, les fonctions motrices et cognitives de 400 patients, dont 39 diabétiques et 33 prédiabétiques. Entre juin 2007 et novembre 2009, des examens cliniques (repérage des maladies cérébrovasculaires et cérébrales, traitements, activités) et sanguins étaient réalisés, ainsi qu’une batterie de 10 tests évaluant les performances motrices et cognitives.
Parmi ces patients – âgés en moyenne de 47,2 ans à l’inclusion, des hommes en grande majorité (80 %), traités à 95 %, et contrôlés pour 84,5 % – les sujets diabétiques se sont révélés moins performants lors des tests impliquant la mémoire, les fonctions exécutives, l’attention, la vitesse psychomotrice, le langage et la dextérité manuelle. Au cours de ce suivi assez court, les chercheurs ont constaté chez eux un léger déclin de la fonction exécutive et de la mémoire. De plus, les performances étaient globalement moins bonnes chez les sujets prédiabétiques que chez les non-diabétiques. La prise en compte d’autres facteurs de risque cardiovasculaire (hypertension artérielle, surpoids, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie) ne modifie pas ces résultats.
L’atteinte microvasculaire, mais pas que
Cette étude met pour la première fois en évidence l’impact du diabète et du prédiabète sur les performances cognitives des sujets infectés par le VIH. Pour les auteurs, si les mécanismes potentiels sont vraisemblablement multiples, l’atteinte microvasculaire, à l’origine de lésions ischémiques silencieuses, semble centrale. L’insuline entrerait en jeu également, ce qui fait qu’il y aurait à la fois l’hyperglycémie et l’hyperinsulinémie en jeu dans le vieillissement et la neurodégénérescence au niveau cérébral. Sans compter que le virus lui-même pourrait agir de façon indépendante ou en synergie, car le VIH est connu pour altérer la barrière hématoméningée.
Le Pr Geneviève Chêne résume ainsi : « La recherche fondamentale doit prendre le relais pour explorer les mécanismes physiopathologiques qui sont en jeu. En particulier, pour objectiver si des lésions des microvaisseaux sanguins par l’hyperglycémie permanente sont accélérées par le virus du VIH lui-même. Les conséquences du VIH sur l’activation immunitaire et certaines prédispositions génétiques doivent également être étudiées ». Une prise en charge active de prévention et de dépistage s’avère au moins aussi nécessaire qu’en population générale. « Avoir une alimentation saine, maîtriser son poids et pratiquer une activité physique sont des recommandations universelles », conclut le Pr Chêne.
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