MENÉ EN médecine de ville au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et au Danemark, ADDITION est un essai randomisé destiné, d’une part, à évaluer la faisabilité du dépistage précoce du diabète et, d’autre part, à comparer deux types d’intervention, une prise en charge dite de routine et un traitement intensif. Les 342 médecins participants ont proposé un dosage de la glycémie capillaire à leurs patients non diabétiques ou plus exactement non diagnostiqués comme diabétiques. Si cette glycémie était supérieure à 5,5 mmol/l, une glycémie à jeun et une glycémie deux heures après charge en glucose étaient réalisées. Entre avril 2001 et décembre 2006, sur un total de 76 308 sujets ayant participé au dépistage, 3 057 diagnostics de diabète ont été portés. Ces patients, âgés en moyenne de 58 ans, avaient un taux moyen d’HbA1c de 7 %. ; 73 % avaient une pression artérielle › ou = à 140/90 mm Hg et, parmi ces hypertendus, seulement 58 % avaient un traitement ; 70 % avaient un taux de cholestérol total supérieur à 5,0 mmol/l, et 91 % de ces sujets hypercholestérolémiques n’étaient pas traités.
Deux stratégies ont ensuite été mises en œuvre : une prise en charge conventionnelle, c’est-à-dire correspondant aux recommandations et un traitement intensif, comprenant des mesures hygiéno-diététiques, l’intensification du traitement en cas d’HbA1csupérieure à 6,5 %, la mise sous antihypertenseur si la PA › 120/80 en privilégiant les IEC et une intensification en cas de PA › 135/85, une statine pour tous les sujets dont le cholestérol était › 5 ou › 4,5 en cas de pathologie cardio-vasculaire, de l’aspirine à faible dose chez tous les patients sous antihypertenseurs. Les sujets de ce groupe bénéficiaient en outre de séances d’éducation thérapeutique en petits groupes.
Le critère principal de jugement était un score composite associant la mortalité et la morbidité cardio-vasculaires, une revascularisation et une amputation. Par rapport au traitement conventionnel, le traitement intensif diminue de 17 % ce critère de jugement principal, une différence qui n’est pas statistiquement significative. Il n’y a pas non plus de différence significative sur la mortalité globale, les infarctus du myocarde, les AVC ou les revascularisations. Pour les experts, il faut d’abord souligner que le traitement intensif n’augmente pas la mortalité, un résultat rassurant, puisque plusieurs études récentes avaient suggéré l’effet délétère d’un traitement trop agressif du diabète et de l’HTA. S’il n’apporte pas non plus de bénéfice par rapport à un traitement de routine, la morbi-mortalité est nettement moindre dans les deux groupes que celle attendue dans une population de diabétiques non pris en charge, observe le Pr. Griffin (Royaume-Uni). Ensuite, les autres facteurs de risque ont été nettement améliorés, et ce dans les deux groupes, même si la baisse de la PA et de la cholestérolémie totale a été plus marquée dans le groupe « traitement intensif ». Les patients ont en effet bénéficié d’une prise en charge de l’ensemble de ces facteurs de risque : un IEC a été prescrit à 57 % des sujets du groupe « traitement de routine » et à 72 % des sujets du « traitement intensif », 40 et 69 % respectivement ont été mis sous statine. La baisse de l’indice de masse corporelle a été comparable dans les deux groupes.
Cette étude apporte la preuve que le diagnostic de diabète à un stade plus précoce est réalisable en pratique de ville et que le dépistage permet une meilleure prise en charge de l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaire.
D’après les communications des Prs T. Lauritzen (Danemark), S.J. Griffin (Royaume-Uni) et W.H. Herman (États-Unis)
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