Un travail récent sur la Rotterdam Study avait montré que l’autofluorescence cutanée (SAF) des produits de glycation avancée (AGE) pouvait révéler la présence d’une maladie cardiovasculaire (CV) subclinique, chez des participants de population générale ou atteints de diabète.
Or, la sélection des diabétiques à haut risque CV reste délicate, car les facteurs de risque vasculaire conventionnels ne rendent pas bien compte du risque d’ischémie myocardique silencieuse (IMS). Il a déjà été rapporté que la SAF prédisait les événements cardiovasculaires dans trois cohortes de personnes atteintes de diabète. Une étude française vient étoffer la question de l’usage de la SAF dans cette populaiton (1). Elle suggère que cette mesure peut contribuer à améliorer les performances du dépistage de l’IMS, avant d’engager des explorations invasives.
Dans ce travail, la SAF a été mesurée il y a dix ans chez 477 patients atteints de DT2 non contrôlé et/ou compliqué, puis les revascularisations ont été enregistrées au cours d’un suivi de 54 +/- 27 mois.
41 interventions ont été recensées. Les patients dont la SAF était supérieure à la valeur médiane (de 2,6 unités arbitraires [AU]) ont subi davantage de revascularisations des artères coronaires (17/24) et des membres inférieurs (13/17) que ceux avec une SAF plus basse. Après ajustement sur l’âge et le sexe, la durée du diabète, les complications vasculaires et les habitudes tabagiques, il a été retenu un risque augmenté de HR = 2,17 [1,05 – 4,48], p = 0,035 pour les SAF les plus élevées.
Une méthode simple et non invasive
L’ischémie myocardique est souvent silencieuse chez les personnes atteintes de DT2, plaidant pour son dépistage. Alors que les facteurs de risque conventionnels caractérisent mal ce risque dans le DT2, l’épaisseur intima-média, la vitesse de l’onde de pouls et le score calcique (CAC) sont prédictifs d’événements CV ultérieurs.
Les Sociétés savantes de cardiologie et de diabétologie, SFC et SFD, proposent donc un dépistage de l’IMS chez les patients ayant un CAC > 400. Les essais contrôlés randomisés qui ont testé cette stratégie n’ont cependant pas encore montré son bénéfice. La sélection des sujets à haut risque reste donc cruciale. Cette étude française vient apporter un point favorable au dossier de la SAF, méthode simple et totalement non invasive. Des études récentes tendent à montrer qu’elle pourrait également prédire les ulcères du pied diabétique.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Alkhami F, Borderie G, Foussard N, Larroumet A, Blanco L, Barbet-Massin MA, Ferriere A, Ducos C, Mohammedi K, Fawaz S, Couffinhal T, Rigalleau V. The skin autofluorescence may help to select patients with Type 2 diabetes candidates for screening to revascularization procedures. Cardiovasc Diabetol. 2024 Jan 13;23(1):32
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