DE NOTRE CORRESPONDANT
IL EXISTE UNE FORME D’OBÉSITÉ, l’obésité métaboliquement saine (MHO), dont les bases biologiques demeurent, à ce jour, peu claires. Trouver la clef de ce phénotype n’aurait pas seulement un intérêt « académique », cela pourrait ouvrir la porte à de nouveaux traitements des pathologies liées à l’obésité. Des Finlandais distinguent, grâce à une étude faite chez des jumeaux monozygotes discordants quand à l’état de leur obésité, plusieurs critères prédictifs du caractère pathogène de l’obésité : une élévation de la graisse hépatique, mais aussi une réduction d’activité de plusieurs voies de signalisation mitochondriales, en particulier celle commandant le catabolisme des acides aminés à chaîne ramifiée (BCAA).
On imagine combien il serait utile de pouvoir identifier, avant l’émergence de toute pathologie, les obésités associées à une insulino-résistance. On a déjà quelques éléments d’orientation, tel qu’une réduction du tissu adipeux viscéral (VAT) et l’existence de dépôts de graisse ectopiques dans le foie, en faveur d’une obésité à risque. Mais les Finlandais vont plus loin dans cette caractérisation.
16 paires de jumeaux.
L’analyse d’une cohorte « rare » de 16 paires de jumeaux monozygotes discordants quand au statut de leur obésité (différence de IMC*› ou = à 3 kg/m2 entre chaque jumeau des 16 paires), âgés de 22,8 à 35,8 ans et encore sains, a permis aux chercheurs d’Helsinki, avec la collaboration d’Espagnols, de distinguer deux sous-groupes d’obésité bien distincts sur le plan métabolique. Dans une moitié (n=8) de paires de jumeaux (groupe 1), le statut de la graisse hépatique chez le jumeau obèse est comparable à celui du jumeau non-obèse apparié. Dans le groupe 2 (n=8), en revanche, la graisse hépatique est bien plus élevée chez le jumeau de la paire qui est obèse, la différence (Δ liverfat:718%) étant significative (p=0,012). Il en est de même en ce qui concerne le tissu adipeux viscéral, plus élevé dans le groupe 2. Les auteurs observent les mêmes différences entre les deux sous-groupes concernant les critères du métabolisme lipidique et glucidique (aire sous la courbe après test oral de la tolérance au glucose, LDL/HDL) et la pression artérielle: tous ces paramètres sont plus péjoratifs chez les jumeaux obèses du sous-groupe à graisse hépatique élevée.
Le rôle prédictif de la graisse hépatique.
Les Finlandais sont ensuite parvenus à identifier certaines voies métaboliques pour expliquer ces différences. On note ainsi, chez les obèses du groupe 2, une réduction significative d’activité de deux voies mitochondriales (oxydo-réductase et « Cofactor binding »). Elargissant leur analyse de l’expression génétique à trois voies mitochondriales de régulation énergétique, les auteurs objectivent une régulation négative des voies de la phosphorylation oxydative, du catabolisme des BCAA (leucine en particulier) et de l’oxydation des acides gras ß. Enfin, la lipolyse semble freinée (expression du gène LIPE réduite) dans le groupe 2, tandis que l’activité de la réponse inflammatoire chronique (voie de signalisation CIRP), à l’inverse, est accrue.
Cette moisson d’informations, certes recueillies dans une cohorte limitée de paires de jumeaux « rares » et qu’il faut confirmer, laisse augurer une définition plus précise du statut des obèses dits métaboliquement sains. L’étude finlandaise souligne le rôle prédictif de l’accumulation excessive de graisse hépatique, en faveur d’une insulino-résistance. Cette anomalie pourrait s’expliquer par la déficience de certaines voies mitochondriales commandant, en particulier, la gestion de l’énergie au travers de l’acétyl-CoA et de l’ATP. Le rôle de l’inflammation dans l’accumulation pathologique de graisses dans le foie est également conforté par ces travaux.
J. Naukkarinen & coll. Characterising metabolically healthy obesity in weight-discordant monozygotic twins. Diabetologia (2013). Publié en ligne.
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