JUSQU’EN 2013, chaque journée mondiale du diabète met en avant le thème de l’éducation et de la prévention de la maladie. En France, cette pathologie représente un coût annuel pour la Sécurité sociale d’environ 14 milliards d’euros. Et 10 % des complications de la maladie engloutissent à eux seuls la moitié de cette somme. « Or, ces complications peuvent être prévenues par un meilleur accompagnement du patient à devenir son propre acteur de santé afin d’améliorer sa qualité de vie », souligne Gérard Raymond, président de l’Association française des diabétiques (AFD). En cette période où la réduction du déficit public est élevée au rang de priorité nationale, la prévention et l’éducation thérapeutique autour du diabète devraient être logiquement soutenues par la collectivité.
À ce jour, environ 400 000 diabétiques, sur les 3,5 millions de cas dans l’Hexagone, bénéficient du service d’accompagnement Sophia de l’Assurance-maladie. Pourtant inscrite dans la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) et dans la convention médicale, l’éducation thérapeutique est encore loin d’être optimale en médecine de ville, en dehors des réseaux de soins et de certaines maisons médicales. « Au niveau local, il faut coordonner l’offre, le financement de l’éducation thérapeutique et mettre en place des centres d’information pour les patients et les professionnels de santé. Si les agences régionales de santé commencent à avancer dans ce domaine, c’est encore très lent à se mettre en place », constate le Pr Jacques Bringer, président de la Société francophone du diabète (SFD). Même à l’hôpital, l’éducation thérapeutique est devenue un problème, depuis le passage à la tarification à l’activité en lieu et place de la dotation globale. « Le financement de l’éducation thérapeutique à l’hôpital n’est pas pérenne. Il est aujourd’hui totalement flou », estime le Pr André Grimaldi (service de diabétologie à la Pitié-Salpêtrière). « Beaucoup d’éducation thérapeutique est transférée vers l’ambulatoire et l’hôpital de jour, car c’est le seul mode de financement », poursuit-il. Si un autre moyen de financement existe, avec les missions d’intérêt général, les crédits ne sont en pratique que rarement affectés dans le champ de l’éducation thérapeutique. Et « 350 millions d’euros ont été gelés cette année par décision gouvernementale sur ces missions d’intérêt général », note le Pr Grimaldi. Avec la T2A, « on est dans un système réellement absurde, qui n’est pas conçu pour la maladie chronique mais pour la maladie aiguë et les gestes techniques. Il faudrait créer dans ce système un forfait qui corresponde à l’éducation pour le diabète de type 2, sans être amené à devoir réaliser des gestes techniques inutiles en plus pour alourdir la facture et justifier l’hôpital de jour », considère-t-il.
Approche globale.
Pour le Pr Bringer, il est aussi important de mutualiser l’éducation thérapeutique entre les prises en charge de maladies chroniques. « Une approche plus globale des maladies chroniques paraît souhaitable, car la problématique des facteurs de risque est absolument partagée », suggère le président de la SFD. Dans le domaine de l’accompagnement des patients, les déremboursements progressivement instaurés au sein du régime des affections de longue durée (ALD) inquiètent. « Alors que l’IGAS finalise un rapport sur la prise en charge du diabète de type 2, on peut craindre qu’un patient DT2 non compliqué soit conduit à sortir du régime des ALD. Les économies réalisées par l’exclusion de 500 000 à 600 000 diabétiques des ALD nous reviendraient comme un boomerang quelques années plus tard avec des complications extrêmement graves », prédit Gérard Raymond. « On entend dire de manière récurrente qu’il faut remettre en cause les ALD. Cela serait par exemple très rétrograde dans le diabète de réserver ce régime aux patients sous insuline. En cette phase pré-électorale, la rumeur court, mais évidemment la décision n’est pas prise car ça provoquerait un tollé », confie le Pr Grimaldi. « Le fait de la gratuité dans les maladies chroniques est un gain non seulement médical mais financier pour la société, car les patients se soignent davantage et la prévention est mieux réalisée dans les maladies graves », fait-il remarquer.
En cette journée mondiale du diabète, l’Association française des diabétiques (AFD) a souhaité interpeller les politiques sur la question plus large du devenir de la prise en charge des pathologies chroniques dans notre système de soins. Un débat sur ce sujet conviant experts, élus et citoyens se tient cet après-midi à l’Assemblée nationale.
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