DÉCENTRALISATION : sous ce mot se cache l’espoir d’un accès aux soins égalitaire. L’espoir d’un traitement pour les invisibles qui meurent d’un diabète non identifié. L’espoir d’un modèle exportable dans les pays Africains. Que l’impulsion vienne du pouvoir politique, des médecins, de laboratoires pharmaceutiques, ou d’ONG, plusieurs pays sont engagés dans cette démarche. Malgré des contextes locaux différents, le principe est semblable : des paramédicaux sont formés au dépistage et au suivi simple des diabétiques dans les centres de proximité. Des unités régionales délivrent insuline et bandelettes, alors que les cas plus compliqués sont orientés vers les CHU nationaux où exercent les spécialistes.
C’est l’une de ces spécialistes, le Pr Assa Traore Sidibe, chef du service d’endocrinologie de l’hôpital du Mali à Bamako, qui a la première tiré la sonnette d’alarme dans son pays, au début des années 2000. Seuls 2 endocrinologues travaillent à Bamako, à plus de 1 200 km de villes comme Tombouctou. « L’idée était de former des médecins dans les capitales secondaires et de décentraliser la prise en charge du diabète, en amenant les plateaux techniques, les médicaments, le matériel d’analyse et de dépistage dans les capitales secondaires », explique Stéphane Besançon, directeur de Santé Diabète, une ONG venue appuyer le projet du Dr Sidibe auprès du gouvernement.
La formation des médecins est un succès. Dès 2005, l’ONG identifie 22 médecins référents diabète dans les centres de santé et hôpitaux régionaux maliens afin qu’ils consacrent 1 à 2 matinées par semaine aux patients diabétiques. Le Pr Sidibe organise une formation continue pour les référents, qui reçoivent du matériel de base. Pour leur assurer une file active de patients, des campagnes de dépistages sont lancées. « Nous sommes ainsi passés de 1 000, 1 500 patients à près de 10 000 avant la crise politique qui secoue le pouvoir central et le nord du Mali », précise Stéphane Besançon. L’ONG négocie aussi le coût des médicaments avec les laboratoires : un flacon d’insuline coûte désormais 5 euros contre 10 euros il y a 3 ans et le prix des antidiabétiques oraux a été divisé par 10. Santé Diabète a mis en place un DES d’endocrinologie et un DU de diabétologie. Un pas important vers la spécialisation dans un continent qui manque cruellement de spécialistes.
Constellation de paramédicaux.
Autre pays, autre stratégie. Au Congo-Brazzaville, pas d’ONG mais une impulsion venue du haut, puisque c’est la ministre de la santé qui en 2007 s’engage devant un comité régional de l’OMS à mettre en place la stratégie de lutte contre le diabète dans les soins primaires. Évariste Bouenizabila, endocrinologue au CHU de Brazzaville et aujourd’hui président de la région Afrique de la Fédération internationale du diabète est chargé de piloter la décentralisation, qui repose sur un partenariat public (ministère de la santé) et privé associatif (l’association des diabétiques, Diabaction, et la World diabetic fundation). « En 4 ans, nous avons formé 175 centres de santé pilote sur le diabète pour diagnostiquer les malades », constate-t-il. Contrairement au projet malien, les paramédicaux fournissent le gros des troupes. Une dizaine de médecins seulement travaille dans les hôpitaux de district auxquels s’adosse un centre satellite.
Au chevet des enfants.
Le Cameroun et la Guinée expérimentent depuis 2010 le programme Changing diabetes in children (CDiC)conçu par Novo Nordisk, destiné aux enfants atteints d’un diabète de type 1. Le laboratoire fournit les centres en insuline, rénove et équipe (avec la WDF) les locaux mis à disposition par les gouvernements, Roche distribue des glucomètres et bandelettes, et ISPAD * aide à la formation. « Pour les pouvoirs publics que j’ai sollicités, c’était merveilleux : on leur proposait une solution pour régler le problème de l’accès aux soins des enfants », témoigne le Pr Naby Moussa Balde, unique endocrinologue en Guinée et orchestrateur du programme dans son pays. CDiC a notamment permis de développer un service de pédiatrie spécialisé dans le diabète à partir du service pour adulte de l’hôpital de Conakry. En outre les unités de diabétologie, étoffées dans les 8 capitales régionales, ont accueilli 189 enfants et adolescents ... contre 44 avant le programme.
*International society for pediatric and adolescent diabetes.
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