Diabète, cœur, cancer du sein

La proneurotensine, une hormone de mauvais augure

Publié le 11/10/2012
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Crédit photo : S Toubon

CE N’ÉTAIT PAS L’ASSOCIATION que l’on attendait. Alors que la neurotensine est une hormone de la satiété, il était logique de partir de l’hypothèse que des taux élevés de proneurotensine sont associés à un moindre appétit et à une réduction des maladies liées au surpoids. Il n’en est rien, c’est même exactement l’inverse. Des chercheurs suédois dirigés par le Pr Olle Melander ont constaté chez 4 632 sujets suivis pendant près de quinze ans (1991-1994 à 2009) que la proneurotensine à jeun est significativement associée au risque de diabète, de maladies cardio-vasculaires, de cancer du sein et à la mortalité globale. Curieusement et sans explication évidente, cette association ne s’est révélée significative que chez les femmes.

La neurotensine est exprimée au niveau gastro-intestinal et central. La sécrétion périphérique de neurotensine est stimulée par la prise alimentaire, en particulier de graisses, et régule la motilité gastro-intestinale. L’injection de neurotensine, que ce soit au niveau central ou périphérique, diminue la prise de nourriture chez le rat. De plus, la neurotensine et certains de ses récepteurs ont été associés à certaines maladies (cancer du sein, coronaropathies).

Spécifique aux femmes ?

L’élévation de la proneurotensine quelques années avant l’apparition de la maladie semble indiquer que l’hormone est un marqueur de susceptibilité à la maladie, plutôt qu’un signe de maladie infraclinique. « Comme toute étude observationnelle, nos résultats n’apportent pas la preuve d’un quelconque lien de causalité entre la proneurotensine et la maladie cardio-vasculaire et le cancer du sein », indiquent les auteurs. Alors qu’il n’y avait d’interaction significative entre le sexe et la proneurotensine que pour l’incidence des maladies cardio-vasculaires, il s’avère nécessaire de s’assurer que l’association entre l’hormone et le mauvais pronostic est bel et bien spécifique aux femmes.

JAMA, 2012; 308(14):1469-1475

Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9173